Editorial : editorial_12_2001

C’est seulement maintenant, la session de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) bouclée, que démarre l’année politique chinoise, avec une série drue d’échéances !

Première urgence: couper court, comme depuis 10 ans aux critiques de l’ONU à Genève. Première victoire chinoise (prévisible): l’Union Européenne « soutiendra, mais ne s’associe pas à » la résolution soumise par les Etats-Unis. Pour renforcer sa majorité tiers-mondiste dans cette enceinte, Jiang part (5-17 avril 2001) pour cinq pays d’Amérique Latine, et ses ministres se ruent vers l’Europe: Tang Jiaxuan (Affaires Etrangères) à Paris, (en route vers le Chili), suivi de Li Lanqing (Vice Premier) et Xiang Huaicheng (Finance)…

A l’intérieur, le Parti Communiste se livre à un débat ardent autour des campagnes des sangedaibiao, trois représentativités, et du yidezhiguo, gouvernement par la vertu: l’enjeu est de réconcilier légitimité et modernité, modifier des dogmes forgés à l’ère des paysans aux pieds nus pour les adapter à celle des ordinateurs: la Chine de Jiang revit, douze ans après, les affres de l’URSS de Gorbatchev!

Mais l’échéance la plus pesante, est celle des Etats-Unis. Avec le Président Clinton, son allié, Pékin pouvait se permettre de battre à froid les USA. Mais une crise avec G.W. Bush est impossible, pour deux raisons: ¬ elle affaiblirait le Président Jiang Zemin au moment crucial de la mise en place de sa succession; ­ c’est des USA que dépend toujours, par la pompe globale du commerce et des Investissements étrangers directs (IED), la croissance de l’Asie. Aussi Pékin a-t-elle adouci le ton envers le programme spatial anti-missiles NMD comme sur Taiwan. Reçu à la Maison Blanche le 22/03, Qian Qichen, homme de confiance de Jiang, a reçu de vastes pouvoirs pour « trouver le deal » et rétablir le dialogue : des concessions fortes et réciproques, sur le terrain stratégique, sont possibles, à dégager d’ici six mois puis avaliser en marge du Sommet de l’APEC en octobre à Shanghai. Bush s’est déjà montré diplomate, en disant qu’il ne confierait pas dès 2001 à Taiwan les croiseurs Arleigh-Burke dotés de radars Aegis -summum de la technique US, à 1,1MM$ pièce, capable de suivre 100 cibles à la fois. Tant par prudence, que pour raisons techniques: les forces taiwanaises, n’auront pas la maîtrise d’un outil si complexe, avant au moins l’année prochaine. Ce sont donc 12 mois accordés à Pékin, pour clarifier ses intentions sur le frère ennemi ex-nationaliste!

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