Le 7 mars 2001, Yahoo (le roi des portails) dévaluait ses espoirs de profits pour janvier-mars (170/180M$ contre 228M$ en 2000): il n’en a pas fallu plus, au Nasdaq (bourse technologique à New York) pour semer la panique, surtout pour les trois « dot.com » chinoises cotées: le 09/03, Sohu s’est effondré à 0,84$ (-30% de son cours), lui faisant encourir la menace de « delisting » si le titre ne refranchit pas sous 30 jours le seuil du dollar. Sina, Netease ont chuté le même jour à 1,93$ (-18,5%) et 1,56$ (-19,3%).
Ce rejet des valeurs chinoises, sanctionne l’opacité de la réglementation locale de l’internet, et son manque de profits. Sa conséquence, comme aux Etats-Unis et en Europe, apparaît inéluctable: la remise en cause de la gratuité des services de l’internet. Les dotcoms chinoises n’ont plus le choix, hors disparaître (cf VdlC n°38/V). Pour leurs budgets 2000, Sina et Sohu dépendaient de 88% et 93% de leurs recettes publicitaires. Mais la fuite des investissements et le palmarès décevant du e-commerce chinois (35M$ en 2000, soit 0,1% du marché national) ont réduit cette manne, révisée en janvier par Merrill Lynch à 80M$ pour 2001 au lieu de 120M$. L’internet chinois tente de se repenser, se « diversifier entre commerce online et off-line » (formule de E-tang). Déjà Sohu qui déclarait (12/03) ne plus vouloir « dépendre à 100% de la pub », lançait en janvier sa messagerie pour portable, sur abonnement. « C’est la première fois qu’on fait payer les usagers » dit son directeur-gérant.
Tel est le prix pour les dotcom chinoises de leur rédemption, jouable si les 35M d’internautes attendus pour fin 2001 deviennent consommateurs payants. Mais toutes ne se sauveront pas: c’est la porte étroite !
Sommaire N° 11