Ce 1er jan 2001. à 7h36, 10.000 personnes se pressaient place Tian An Men, caméra au poing, pour saisir le premier lever de drapeau chinois du 3e millénaire. Parmi elles s’étaient déployés des centaines de membres du Falungong, aux quatre coins de l’esplanade, qui entamèrent soudain à l’unisson des mouvements de gymnastique en brandissant des bannières rouge et or et criant leur slogan anathème: falundafa hao, («vive la roue de la loi»). Sans douceur, la police arrêtait les adeptes à mesure de leur arrivée. Vers 17 heures on dénombrait 700 arrestations -et le mouvement n’était pas terminé. La dernière grande manif. du Falungong avait eu lieu le 1er oct. (cf. VdlC n°32/V) et avait duré deux heures, contre toute une journée cette fois-ci : c’était l’escalade, avec ce mouvement que Pékin s’était donné deux mois pour « détruire », en septembre 2000.
Le mouvement du gourou en exil, Li Hongzhi confirme ainsi son pouvoir de nuisance, cherchant à prouver au régime que la répression ne marche pas face à sa discipline (relayées depuis l’étranger, manifs de soutien se poursuivent entre Singapour, 31/12, et Hong Kong «ce mois-ci», date non précisée), et sa disponibilité à souffrir (le mouvement affirme avoir 90 « martyrs », et 50000 militants incarcérés). La réaction toujours plus nerveuse des forces de l’ordre, le 1er jan., révèle l’impuissance à juguler le phénomène. Le Falungong, à l’évidence, prépare son prochain RV pour le 24 jan, Nouvel An lunaire. Faute d’avoir trouvé parade plus efficace, le pouvoir, désormais, est condamné à s’enferrer dans la spirale de la répression – ou à négocier
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