Partis de Kinmen et Matsu le 2 jan 2001, 3 yachts taiwanais mouillaient aux ports de Xiamen et Fuzhou (Fujian, notre photo), 24h après la levée à Taibei d’un embargo nationaliste vieux de 51 ans sur les liens maritimes,commerciaux, postaux, entre ces îles excentrées et la Chine.
Cet acte de détente a libéré le sourire des investisseurs (la bourse de Taipei montait de 4% le jour-même). Il a aussi dissipé les reproches latents au Prsdt Chen Shui-bian, de laisser végéter les relations entre les deux rives chinoises : Chen reprend l’initiative, qu’il semblait avoir perdue, alors que Pékin recommençait à donner des signes d’impatience.
Ce faisant, Taiwan gagne du temps à moindre frais : ces trois «mini-liens» concernent deux îles excentrées et non la principale. Pour sa part, Pékin peut-être embarrassé, minimise la manoeuvre comme «très inadéquate» – et veut la réouverture complète des échanges -que Taiwan suggère comme «possible à l’avenir, si tout se déroule bien dans l’étape présente».
Pékin n’est pas la seule à souhaiter réduire la portée de l’action de Chen Shui-bian : le 4/01, 33 membres du KMT et du « Nouveau Parti » (opposition, droite traditionnelle) étaient à Pékin pour discuter de ces «liens directs».
Combien de temps peut encore durer ce jeu? Chen a encore une concession dans sa manche -les liens directs, qui réduiraient de 15% le coût des échanges (aujourd’hui via HK).
Il peut aussi compter sur le nouveau Président US, G. W. Bush Jr, à cheval sur le soutien à Taiwan (Pékin, par voie de presse, commence à mettre en garde). B. Clinton vient d’autoriser la vente de quatre contre-torpilleurs « Kidd » à Taipei (peut-être pour éviter celle, quelques mois plus tard, de navires Aegeis, plus performants)… G. Bush a déjà promis de poursuivre le programme de parapluie spatial antimissile TMD. Avec ces atouts, la position de Taiwan semble plus confortable qu’en 2000, lui permettant d’ envisager un rapprochement avec la Chine – mais non inévitable, et vraiment négocié .
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