A la loupe : Tian An Men: un incident rare

Mardi 15 vers 16 heures, un homme s’est dynamité place Tian An Men, à quelques pas du monument aux Héros révolutionnaires. Trois heures après (délai très court, en ce pays avare de déclarations), la police expliquait son geste: paysan du Hubei, (forcément) malade mental, Li Xiangshan en était à sa 4ème tentative à Pékin pour obtenir le redressement d’une taxation illégale excessive.

D’autres explications viennent à l’esprit: celle de séparatistes ouighours du Xinjiang, très actifs ces dernières années dans des actes terroristes (y-compris à Pékin). Ou celle de membres du Falungong, dont les chefs sont de plus en plus traqués (deux verdicts de prison cette semaine, un envoi en camp). Situation qui induit souvent, en ce pays, une radicalisation de la base…

La thèse officielle est cependant plausible.

Le cas de Li n’a rien d’exceptionnel. Dans Pékin grouillent les plaignants provinciaux, dont rares repartent la tête haute. Pour les autres, le suicide est une option, que la tradition suggère de suivre en des sites chargés de symboles, tels la Grande Muraille- ou Tian An Men, lieu de l’Empereur – qui sous l’Ancien Régime, écoutait ce type de plaintes.

La réaction rapide de Pékin trahit la volonté de déminer une autre bombe: celle des rumeurs.

Ce que ce geste traduit sur le fond : l’effritement de ce qui constituait le plus puissant ciment de ce peuple d’1/5 de l’humanité: son auto-contrôle, remplacé par l’émergence de l’individu, exigeant de gérer sa vie – voire sa mort

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