Village proche de Canton, Luofeng, depuis des années, tirait le diable par la queue: ses vergers réputés, son orgueil et sa source première de revenus, avaient attiré des colonies de rats qui se gobergeaient de mangues, papayes, ananas et (en saison) litchis gorgés de sucre et de soleil…
Un soir d’hiver, ce paysan ruiné n’avait plus d’autre pitance qu’un rat qu’il avait attrapé : eurêka ! Il ouvrit un restaurant de rats. Son succès faisant "recettes", du tangculaoshu (rat aigre doux) au laoshutang (soupe au rat), en passant par l’incontournable laoshu shaomai (ravioli de riz au rat), pas moins de huit guinguettes, interprètent chaque week-end à guichet fermé leurs menus ratiers, pour le plaisir de 600 hédonistes de la capitale méridionale. Pour les rats, l’Eden à l’aigre: 3000 bestioles par jour franchissent le fleuve des enfers, donneurs non consentants d’une demi tonne de chair. Les trappeurs y gagnent jusqu’à 200Y/j.
Déformation professionnelle, ce membre de la basoche cantonaise attaque l’Etat pour la défense de l’étendard.
Doté d’yeux de faucon, le 27 sept, Tian Shiguo a repéré, lors d’un match de qualification aux J.O. de Sydney, que la sélection nationale portait des chaussettes brodées d’une cocarde écarlate rehaussée de cinq étoiles d’or: le drapeau foulé au pied ! Le plaideur accuse la Fédération du ballon rond, ainsi que, pour faire bon compte, un certain Houghton, l’ex-entraîneur (un étranger, qui n’en peut mais!).
Il le fait, au nom de la Loi, qui menace de un à trois ans de réclusion criminelle quiconque délibérément brûle, détruit, teinte, souille, ou piétine l’oriflamme vermillon. Distinguo de Maître Tian: la loi certes, n’inclut aucune provision permettant au citoyen de dénoncer les autres. Mais une révision s’impose", ergote-t-il. La justice, qui n’a que cela à faire, tranchera.
Sommaire N° 4