Editorial : Le cinquième recensement, en crise!

La semaine passée, tandis que la Floride recomptait ses votes, la Chine vérifiait son recensement.

Car malgré cinq jours supplémentaires accordés en catastrophe, ce plus vaste sondage jamais entrepris au monde apparaissait hors contrôle, et la consigne fusait à travers l’empire:  yige bu neng shao (« que pas un seul ne manque! »).

On est loin du compte :

Les premiers résultats du sondage accusaient un « trou » de 10M dans le Hunan (55 au lieu de 65 attendus), de 2M dans le Shaanxi (à 34M), et d’autres volumes dans le Guangdong, le Fujian, à Shenyang, à Pékin…

La pire crainte des organisateurs s’est matérialisée : une part des recensés a refusé de coopérer! Il y a les parents des 10aines de M d’enfants conçus hors du planning familial.

A Canton, trois enfants non déclarés ont dû être enregistrés sous les appellations de « n°1″, n°2″ et « n°3 » -ils n’avaient pas de noms!

Il y a aussi les 150M de migrants, en ville sans papiers, qui préfèrent éviter les contacts.

Mais la faute se trouve aussi du côté des recenseurs, des autorités villageoises ayant falsifié leurs chiffres pour couvrir leurs manquements, et des recenseurs ayant taxé leurs recensés, parfois avec l’aide de la police…

Le dérapage du recensement expose les difficultés à gérer un pays de ces dimensions. Faute de dialogue social suffisant (par le jeu de la presse et de l’opinion), des projets d’intérêt national comme le recensement sont incompris ou détournés. D’autre part, par rapport au 4ème recensement de 1991, celui de ‘2000 butte contre le brouillard des libertés nouvelles, individuelles, pas toujours avouables: entre son passé et son présent, la Chine est au milieu du gué.

NB : récemment publié, « la Chine le long du Fleuve Jaune« , de Cao Jinqing, dépeint la gestion démographique en milieu rural au Henan: afin de combattre les naissances hors quota, certains villages sont mis à l’amende collective (tout le monde paie) et « préventive » (payable à l’avance).

Dans les cas où le dépassement est (trop) faible, les contrôles sont relâchés, afin d’inciter à la faute et rehausser le rendement de la taxe. Dépendants de ce revenu pour leur survie, les administrations du planning familial « sont passés d’une limitation, à un encouragement des naissances: elles ont inversé leur objectif (sic) »!

 

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