Petit Peuple : Des volailles et des hommes

Province des plus pauvres sauf en soleil, le Xinjiang est au coeur d’un feu roulant d’initiatives visant à le tirer de sa misère. Ce qui peut en partie expliquer, en janvier, l’enthousiasme, de la mairie de Xigou, aux portes d’Urumqi, pour un projet local de poulets en batterie de 300.000 poulets /an.

A l’unanimité, les 40 édiles avaient voté d’assumer le quart de cette production. Mais quand ils vinrent annoncer au peuple paysan la décision démocratique (et sa participation), ce dernier refusa tout net, et aucun discours ne put le faire changer d’avis. Pris à leur propre piège, les gratte-papiers n’eurent d’autre choix, en août, que de mettre une main au portefeuille et l’autre à la mangeoire, chacun empruntant 9500Y sur son salaire, pour élever 2000 poussins dans l’année. Ceci entraîna le transfert de la mairie dans la basse-cour.

Mais ne s’improvise pas éleveur qui veut. Trois mois plus tard, ces volatiles se vendirent mal : chétifs (élevés dans la canicule), et le marché étant de toute manière déjà saturé. Ayant perdu 3000Y chacun, dans l’aventure, nos ronds de cuir n’ont à présent plus le coeur à l’ouvrage, mais restent fidèles au poste, attendant on ne sait quoi -retour de conjoncture, dédommagement de Pékin, ou quelque miracle leur permettant de retourner "à leurs moutons"… Quant aux demandeurs d’actes de ventes ou de certificats de mariage, ils les obtiennent, entre plumes et fientes…

 

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