Ce n’est pas un mince paradoxe de voir l’économie chinoise régénérée par le secteur privé, mais dont le financement demeure presque toujours initié par les deniers publics.
Le bilan des neuf 1ers mois donne encore lieu à des divergences de lecture, entre ceux croyant à la fin de la déflation, et ceux craignant que la reprise ne repose sur des faits artificiels (telle la hausse du pétrole). En faveur des seconds, joue l’indice négatif des prix au détail dans la période (-1,7%), et la hausse des stocks industriels invendus (+3,6%, à 82MM$). En faveur des premiers, l’index des prix à la consommation a monté de 0,2%, les ventes ont bondi de +9,9% (à 293MM$), l’export, de 33% (à 182MM$), les taxes industrielles de 43MM$. Le pronostic de PIB pour 2000, monte encore : 8,3%.
Le marché ne s’y trompe pas : les usines textiles tournent à plein régime pour la demande intérieure tandis que commerces et restaurants, moroses cet l’été, ne désemplissent plus. Legend, un des groupes les plus rentables du pays a vu plus que doubler ses profits semestriels, à 52 M$, tandis que ses ventes (surtout de PC individuels) augmentaient de 80%, à 1,5MM$ – on voit, au passage, la minceur des marges!
Reste un point obscur : l’endettement public. De 34MM$ en 1994, il atteignait 136MM en 1999. Par rapport au PIB, il reste faible (13,3% en 1998), mais grevé d’un taux inconnu de dettes cachées. Officiellement, la dette des banques est de 300MM$, dont 15% seulement recouvrables par les Sociétés De Défaisance (SDD).
D’autres dettes concernent les salaires ouvriers et paysans. Au total, ce passif pourrait atteindre 500 à 1000 MM$, soit 50 à 100% du PIB (d’après la BM). Avec un déficit si vertigineux, comment l’Etat peut maintenir son rôle de financier de l’économie? Un signe en tout cas ne trompe pas : en démantelant partiellement les monopoles des chemins de fer et des télécoms, il cherche à mobiliser le capital privé – à passer le relais!
Sommaire N° 36