Editorial : Chine, Les Etats-Unis rivalisent pour Pyongyang

Au Stade du 1er mai à Pyongyang, Kim Jong Il le Cher leader, recevait le 23 octobre Madeleine Albright, l’envoyée américaine, puis le 25octobre, le Ministre de la Défense chinois Chi Haotian. Avec ce dernier, il commémorait la  » victoire de la guerre de Corée  » (1950 – 53), conclue sans traité de paix…

Quoiqu’ayant atterri un jour avant elle, et quoique vétéran de cette guerre, Chi était reçu deux jours après Albright. Inimaginable hier, le rapprochement Washington – Pyongyang est donc en branle, passant au-dessus de Pékin, Séoul et Tokyo, les alliés respectifs!

En Chine, la campagne ample et sérieuse autour du sombre anniversaire, s’expliquent par le lourd prix payé : 140.000 morts selon Pékin, (dont un fils de Mao), 900.000 de source américaine. Elle dit aussi le souci de Jiang Zemin, Premier Secrétaire, de préserver pieusement l’héritage,  » épopée d’héroïsme, monument du peuple chinois à la paix mondiale « . Elle peut enfin traduire de la nervosité, face au réchauffement entre ennemis d’hier. Albright était venue préparer le voyage de son Président, Bill Clinton, avant la fin de son mandat. En « échange », Kim offrait l’arrêt du programme nord coréen de tests de missiles : en août 1998, le lancement au-dessus du Japon d’un vecteur Taepodong II avait déstabilisé la région…

La normalisation apportera à Pyongyang la radiation des listes des pays « terroristes » interdits de crédits internationaux. Ce qui explique la priorité donnée par Pyongyang aux Etats-Unis sur la Chine, mais aussi sur la Corée du Sud : promise à Séoul, une liste de noms n’a pas été transmise, un rendez-vous de familles séparées, les 2 – 4 novembre, est compromis. Selon la rumeur, Jiang, qui veut lui aussi aller à Pyongyang d’ici décembre, exigerait de son allié une pompe plus grande que celle réservée à Clinton!

Significativement, après Pyongyang (24octobre), Albright s’est rendue à Séoul, pour y rassurer ses collègues des Affaires Etrangères de Corée/Sud et du Japon. Au même moment, Kim fournissait les mêmes assurances à son hôte chinois : de toute évidence, la paix entre les Corée est l’affaire du monde entier, et la visite de Clinton ne permettra pas de faire l’impasse sur un traité de paix entre tous les partenaires, y compris les 15 Européens, qui suivent l’affaire de près, notamment dans les répercussions commerciales qui en découleront – un nouveau marché s’ouvre !

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