La chute de Slobodan Milosevic à Belgrade (5/10), a causé une émotion « supérieure (sic) à celle constatée lors des débâcles de Suharto en 1’98 et du Kuo min tang (KMT) à Taiwan en mars« . Un meeting du Politbureau, spécialement consacré à cette crise, a permis de vérifier l’importance du pays balkanique pour la Chine. Jusqu’à hier, il était le dernier bastion néo-socialiste d’Europe.
C’était aussi, par sa mosaïque ethnique, un glacis comparable à une Chine en miniature, au point que dès les années 1980, de nombreux centres de recherche politiques de Chine prenaient la Yougoslavie comme « cobaye » des scénarios possibles de l’avenir national.
Ayant longtemps souffert d’invasions multinationales, la Chine est toujours prompte à raviver sa vieille peur de l’encerclement. Aussi à Pékin, l’analyse est unanime : cette chute résulte d’un « complot (américain) contre le socialisme mondial ».
Prochaine cible possible : Cuba (affaiblie, avec Fidel Castro en manque de successeur) – puis tous les autres Etats sous ce système… D’où la conclusion inévitable : Un mot d’ordre de resserrer la sécurité, de prévenir tous chocs et événements imprévus… » Un simple brandon peut embraser la prairie « !
Au plan intérieur, cela signifie s’assurer que la presse donne de l’affaire une couverture minimale. Surveiller l’internet, ne tolérer nul épanchement sur un Forum d’opinion. Ce que faisait pourtant, dès vendredi, un surfeur audacieux, sur le site du Quotidien du Peuple : « la Chine est toujours en retard… Nous serons les derniers à avoir la démocratie » !
Quelques jours plus tard, on a pu voir ce que pouvaient être ces «brandons» dont parlait le Président chinois : quand Marko Milosevic, le fils de Slobodan, se présenta (09/10) à l’aéroport de Pékin en provenance de Moscou, il fut refoulé pour « défaut de visa » (malgré son passeport diplomatique) – depuis, on a perdu sa trace.
Ceci, quoique Milosevic, le 5 juin, alors Président de la Confédération Yougoslave, ait fastueusement reçu Li Peng à Belgrade, lequel l’avait alors encore rassuré sur la « tradition ancienne et profonde d’amitié » entre les peuples…
L’éjection de Milosevic junior, en dépit d’un indiscutable lien entre les deux régimes, devrait signifier que le Président déchu cherche à se ménager un asile en Chine laquelle, pour l’instant, joue la prudence absolue!
Sommaire N° 33