Depuis Mao peut-être, on n’avait plus vu telle fête à Pékin – 84 ministres et chefs d’Etat de 44 pays africains, à quelques kilomètres du Plenum du Parti Communiste Chinois (PCC), les dirigeants chinois faisant la navette entre les deux sites.
Le Forum de Coopération sino-africaine s’inscrivait dans le projet maoïste-toujours plus net, après la disparition de l’URSS, de faire de la Chine le phare des Pays en Voie de Développement.
Jiang Zemin a inlassablement rappelé la lutte " contre l’hégémonisme, les politiques de pouvoir ", tout en montrant du doigt l’Ouest avec ses 320MM$ de créances sur l’Afrique, et en donnant l’exemple, par sa promesse de gommer 1,2MM$ de dettes de ses hôtes d’ici 2002.
Pékin annonçait aussi un Fonds (non chiffré) de promotion des firmes chinoises en Afrique, une assistance accrue en formation, et d’autres aides à la croissance. Car la Chine voit surtout dans l’Afrique un marché d’avenir, à inonder de ses usines et produits moins chers, tout en s’y fournissant en matières premières (imports =3,5MM$ en 12 mois et +134%, exports =3,2MM$ et +27,6%).
Ce sommet a aussi permis de séduire les alliés africains de Taiwan :2 sur 8 (Libéria, Malawi) ont accepté l’invitation, comme pour faire sentir à l’île nationaliste le besoin d’améliorer ses "arguments". L’argument, pour Pékin, était clair : l’effacement des dettes ne profite – c’est de bonne guerre – qu’ aux pays ayant son ambassade…
Hasard de date? En tout cas, le jour même, Denny Philip, ministre des îles Salomon (autre allié flageolant de Taipei), se trouvait à Pékin (le 10/10, fête nationale de Taiwan!) : autre pays pauvre, tentant de faire monter les enchères, et grappiller les miettes du festin mondial!
Sommaire N° 33