Neuf mois de rapports sans ride entre Chine et Taiwan, devraient toucher à leur fin, suite à la démission (3/10) de Tang Fei, Premier Ministre taiwanais. Tang savait rassurer Pékin, étant shanghaïen et membre du Kuo Min Tang (KMT) nationaliste, Ministre de la Défense au cabinet précédent, avant sa déroute électorale et l’arrivée au pouvoir du Président indépendantiste Chen Shui-bian, du Parti Démocratique du Progrès (DPP).
A ce départ, plusieurs raisons concourent. De santé frêle, Tang avait subi une opération au printemps. Il était en bute avec les faucons des deux partis qui vivaient mal la cohabitation : le KMT exigeait un contrat de cogestion, et le DPP, le retour au principe d’indépendance. Officieusement, la démission ferait suite au désaccord sur un projet de centrale nucléaire de 5,5 MM$, dont le DPP, "vert", ne veut plus.
La réalité est ailleurs : dans l’absence de résultats de ce gouvernement hétérogène, notamment face à la Chine. Bill Clinton, le 4 septembre à New York, prévenait Jiang Zemin des risques pris, à ne pas donner suite aux offres estivales de dialogue de Taiwan. Le corps du DPP a pu en retenir qu’il perdait son âme, "pour rien".
La nomination d’un homme d’appareil du DPP, Chang Chun-hsiung, a été saluée, à Pékin, comme celle d’un "crypto-indépendantiste". Quelques jours plus tôt, sans doute bien informé, Pékin avait commencé à donner des signes d’impatience : Zhu Rongji (30/09) remarquait publiquement que "la question de Taiwan ne pourrait être reportée indéfiniment"…
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