Les généraux antiques pratiquaient l’amalgame entre troupes bonnes et mauvaises.
Pékin, depuis 5 ans, imposait des fusions à grande échelle, par paquets d’entreprises d’Etat (EE) ruinées et non profitables. Voilà que Zhu Rongji découvre une option plus explosive encore: la reprise de groupes en difficulté, (construction mécanique, par exemple), par des sociétés de services sur le net, issues de grandes universités (Fudan, Qinghua) ou de zones high tech (Shenzhen, Zhongguancun), et l’entrée en bourse (chinoise, HK, NY) du nouveau groupe du tout.
La fructification permettrait, croit-on, d’éponger les dettes en 2 à 3 ans!
Pour y parvenir, Pékin s’apprêterait à lâcher un lest formidable. Est en cours de révision, le droit des étrangers, du secteur privé, des Fonds d’investissement et Cies de courtage, de racheter des EE.
Des règlements sont attendus après le Chunjie (Nouvel An Lunaire, 5.fév.). Tout suggère que la barre des 51% des parts sous contrôle public, va voler en éclat. Seuls quelques rares secteurs stratégiques resteraient non privatisables.
Par ailleurs, naissent des outils de courtage électronique, tel Gotrade (HK), assurant l’échange de parts "A" et "B", au départ de 69 branches de 40 groupes à travers le pays.
Outils encore confidentiels : moins de 15000 boursiers, sur les 40M du pays, y participent, pour des montants très faibles. Mais le potentiel est fort : en 2002, Internet attend 33M d’abonnés (9M aujourd’hui). Les obstacles restent forts: la non convertibilité du Yuan, les risques d’évasion fiscale …
Et surtout, les deux lourdes tentations du régime, face à l’outil virtuel:
d’en brider les libertés (auquel cas, pas de créativité, ni de croissance possible), et pour ses cadres, de laisser «traîner les doigts» sur cette Bourse «digitalisée» (délit d’initié): au risque de causer l’effondrement du système, au pire moment, après avoir ponctionné l’épargne privée. Laquelle ira chercher sa défense sur le seul lieu , et par le seul moyen qu’elle connaisse : la rue!■
Sommaire N° 3