En juin, plusieurs correspondants de presse à Pékin se sont vus offrir les services (de 1000 RMB à 5000USD) de 70 cabinets d’audit locaux – leur audit étant devenu « obligatoire avant le 10 juillet« , sous peine de clôture de leur compte en devises.
Suite aux remous, la tentative (outil potentiel de censure de la presse) fut abandonnée.
Les auditeurs se tournent aujourd’hui vers les firmes étrangères, dont la plupart attendent pour obtempérer, notification de la SAFE (Administration d’Etat des devises étrangères), autorité du contrôle des changes.
Que signifie cette démarche, alors que l’Etat tente d’alléger formalités et taxes pour relancer les investissements étrangers ?
Elle traduit deux approches contradictoires – deux tendances du pouvoir.
Une 1ère, politique, exprime l’inquiétude d’une frange de l’appareil face à l’entrée à l’OMC : voir des firmes étrangères évincer des chinoises de pans entiers de l’économie. D’où le souhait de contrôler tels groupes par leurs finances, et par le syndicat, voire la cellule du Parti (qu’on tente d’y introduire).
Plus technocratique, la 2de tendance, vise à débusquer les fausses Joint Ventures, à 100% chinoises, émanations de provinces ou de Grandes Entreprises d’Etat, qui spéculent avec leurs caisses noires de part et d’autre des frontières.
A ce niveau, le but est d’optimiser la collecte d’impôt, tout en éradiquant la base financière des contre pouvoirs claniques et mafieux, surtout à la Côte. Enfin, ce « fichage en temps réel » des mouvements des devises, permettra aussi de réagir plus vite et fort aux attaques monétaires globales comme celle d’automne 1998.
En somme, cette mesure préluderait à la flottaison du RMB, dont Zhu Rongji teste actuellement l’impact près des milieux politiques et financiers. Si Pékin amplifiait les marges de fluctuation début 2001, il pourrait compter sur une hausse du RMB, due aux 34MMUSD d’excédents commerciaux attendus en 2000. Dès à présent, discrètement, les banques tolèrent la spéculation privée sur les comptes en devises – dont les taux ont monté au 29 mai.
Par ailleurs, après une baisse en 1999 de 25% des pertes des Entreprises d’Etat (7,5 MMUSD), des experts attendent cette année le retour du secteur à la profitabilité d’ici décembre 2000.
Sous réserve d’inventaire, ces deux progrès (monétaire, industriel), conditions sine qua non de l’entrée à l’OMC, sont à mettre à l’actif de l’homme qui en a imposé la décision : Zhu Rongji.
Sommaire N° 24