L’administration n’y avait apporté aucun soin particulier : il s’agissait d’une affaire européenne sans rapport avec la Chine. Ce qui n’a empêché le pays, trois semaines durant, de connaître un des plus forts taux d’absentéisme depuis le "Mundial" de football en 1998 : des dizaines de millions de travailleurs passant leurs nuits à regarder les 31 matches de football de l’Euro2000.
En ville, la publicité a affiché des placards géants de soda ou autres, aux visages de footballeurs blancs, confirmant l’engouement non démenti depuis 10 ans des Chinois pour le ballon rond.
La police a eu fort à faire pour contenir la vague déferlante des paris clandestins, entre les salons de thé, les bars, voire les sulfureux salons de karaoké et de massage. Une campagne nationale a été menée de main de fer, aux rafles dignes de la prohibition yankee, avec arrestations de bookmakers et saisies, la nuit dans les fumées bleues du tabac et les relents d’alcool, de MY en liasses de billets.
Mais qui gagnerait? Bien des gens penchaient pour l’équipe yougoslave, la petite soeur d’Europe de l’Est.
Par son panache, la portugaise a emporté bien des sympathies. En finale, l’Italie était favorite (comme souvent en Chine, en matière de sport). Mais quand la France a gagné, les posters de Zidane ou de "te-lei-zi-gai" (Trézéguet, le "bourreau" de l’équipe azzurra) ont du doubler leur prix, vu la demande insatiable.
Tant la Chine reste fidèle à sa pratique, indépendante des saisons et des idéologies, de voter pour ceux qui gagnent.
Sommaire N° 24