Le récent sursaut de lutte contre la traite des femmes a suscité dans la presse un monceau de reportages, apportant leur part d’enseignement équivoque.
Ainsi, en sept. 1993, sur le chemin de son usine, Yuan Yuxiu, jeune mariée (26 ans) était enlevée près de Cili (Hunan). Quelques jours plus tard, elle se retrouvait 1000 km plus au sud, à Xinan (Canton), revendue (1700Y) à un paysan de 42 ans.
Après six mois de quête opiniâtre, son époux finit par retrouver sa trace et vint la rechercher : c’est alors qu’elle lui soumit la requête insolite de défrayer son propriétaire, Zhu Junming, du prix de son achat, ainsi que de divers frais encourus pendant leur concubinage (nourriture, vêtements, note de médecin) : net à payer, 2500Y. Démuni, le mari n’en put en offrir que 1400, causant la rupture irrévocable : Yuxiu demeura avec son acquéreur. Le choix de la jeune femme (concrétisé 5 ans plus tard par un mariage en tout bien tout honneur, et par un enfant) étant motivé par la "bonne composition" de son nouveau maître, et surtout par des considérations d’ordre économiques : on vit mieux à Canton qu’au nord du Hunan.
Le 23/04 à Changping (Henan), alertée par des voisins, la police arrêta au cimetière municipal trois individus en train d’exhumer le corps d’une femme.
Au commissariat, ils s’expliquèrent : ni nécrophiles, ni en quête de bijoux ou valeurs enterrées, ces trois sans-emploi agissaient sur contrat, pour le compte d’un vieillard du village voisin. Là, les limiers rencontrèrent Lao Han, parvenu au crépuscule de son existence célibataire, dont la solitude était devenue insupportable sur le tard, et ayant pris la résolution de mieux réussir sa vie de couple dans l’au-delà… il lui fallait donc le corps d’une défunte à faire glisser à ses côtés le jour de sa propre inhumation…
Les détrousseurs de tombe s’en sont tirés avec une peine légère (15 jours de prison). L’ancêtre déçu déplore toujours la perte éternelle de sa fiancée d’un jour.
Sommaire N° 21