L’OMC et l’habileté tactique du Président Chen Shuibian ont induit une inflexion douce, perceptible dans l’approche chinoise de la question taïwanaise. La rhétorique belliqueuse fait place à des mots d’ordre comme " wait and see ".
Pékin est consciente de l’urgence de "vendre l’OMC" à des provinces et ministères frileux, qui voient l’avenir dans un arsenal nouveau de barrières non tarifaires.
Avec l’étranger désormais "dans les murs", il s’agit d’accélérer la réforme des Grandes Entreprises d’Etat, la constitution de groupes financiers/boursiers compétitifs. Les milieux proches du Conseil d’Etat prêchent inlassablement que "l’agressivité (envers Taiwan) serait contre productive, et gâcherait des années de travail d’intégration au marché international".
De Taibei, Chen tend la main, offre un dialogue "n’excluant aucun thème", et – pour commencer- le rétablissement de liaisons directes entre la Chine et deux îlots, Matsu et Qinmen.
A Pékin, on parle certes toujours de maintenir la pression sur les milieux d’affaires taiwanais (exiger d’eux l’acceptation du principe d’"une seule Chine"). Mais la question est bien en l’air : "Faut il négocier avec Chen?" Même les faucons envisagent désormais de"retirer le poing pour mieux le bander" (de renoncer provisoirement aux pressions quasi-militaires). Jiang Zemin, sur la question, serait pour l’instant modéré.
Sur tous ces points, la décision sera prise au conclave balnéaire de Beidaihe après le 10 août.
Retenons le changement d’approche entre l’ancien Président taiwanais et le nouveau.
Fidèle au principe nationaliste des trois "Non" à la Chine, Lee Tenghui, voulait éviter tout contact avec les "bandits communistes"(sic).
Chen veut "aider (par l’exemple démocratique taiwanais, NDLR), le grand voisin à apprendre ses responsabilités de grande
nation " : on entre dans un nouveau registre. Chen a compris qu’une "politique d’engagement", comme celle des Etats-Unis, valait mieux qu’un isolement aux conséquences incalculables.
Sommaire N° 20