Pol : Réforme à Pékin – des élections atomisées

•Comme dans le dossier « anti-corruption », les dernières saisies de drogue dans le Yunnan, région phare du fléau, frontalière de la Birmanie, suggèrent plus une explosion des stupéfiants en dehors de tout contrôle, qu’une victoire des autorités, police et santé publiques.

De janvier à avril, les prises d’opium et d’héroïne (total = 1000kg) et de ice (80kg) ont progressé respectivement de 127% et 80%/an. NB : à travers le monde, les saisies de stupéfiants sont estimées à 10% du trafic réel. Quant aux consommateurs recensés, ils ont augmenté de 15%, à 680.000. Mais une autre extrapolation tirée du nombre de séropositifs, aboutit à une population de 20M. d’éblouis.

• Après avoir achevé l’introduction des élections au village, la Chine est en demande de plus en plus marquée de cette réforme démocratique, au niveau supérieur, cantonal. La 1ère du genre à Buyun (Sichuan) en décembre 1998 s’était faite sans l’accord de Pékin, qui l’avait avalisée du bout des lèvres, en prenant soin que "cela ne se reproduise pas". Ne voulant ni bloquer ni céder, Pékin explore une voie médiane : en juin, dans les 18 arrondissements de la capitale, les 5000 "Comités de Quartier" (aujourd’hui formés de petites vieilles aux immuables brassards écarlates) seront directement élus pour trois ans, et "autogérés, auto-formés et auto-intéressés".

Le problème tiendra évidemment, par rapport à la demande de démocratie de la base, à la faiblesse du mandat (voirie, rapports sociaux), et du territoire couvert (quelques rues).

• La nuit du 19/5, le viol et le meurtre d’une étudiante sur la route de son campus, vers Changping, a provoqué le 1er mouvement social universitaire depuis juin 1989.

3 à 5000 étudiants de Beida ont tenu des veillées funèbres, exigeant une cérémonie funéraire et des excuses publiques (pour la sécurité précaire autour du campus, et la tentative maladroite de camoufler le crime).

Bien des aspects de ces jours de protestation font référence directe aux débuts du Printemps de Pékin, de onze ans plus tôt : un décès, une canicule de fin de printemps sur un campus énervé par la proximité d’examens, des  dazibao (pamphlets manuscrits muraux), des veillées aux chandelles… Pour couper court, et malgré la proximité de l’anniversaire fatidique, les autorités ont cédé : les étudiants ont eu leur mémorial. Samedi, la situation semblait calme et sous contrôle – affaire à suivre.

• A deux ans du 16e Congrès du Parti Communiste Chinois qui verra la fin du mandat de Jiang Zemin, comme Secrétaire Général, une démarche prétend inscrire la "Théorie de Jiang" dans la Charte du Parti, aux côtés de celle de Deng. «Théorie», et «Œuvres Choisies» seraient publiées en 2001.

Jiang revendique d’avoir "enrichi et développé" la Théorie de Deng et la Pensée de Mao. Sa propre théorie, dite des  san jiang ("Trois Préceptes") parle d’éducation, de discipline (autour de Jiang) et de prolétariat.

Cette démarche d’inscription dans la charte projette un éclairage sidéral sur ces dernières années de pouvoir : celles d’un leader isolé, protégé par sa "camarilla", que les bruits et voix extérieurs ont désormais plus de difficultés à atteindre.

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