L’hiver et le printemps ont été secs en Chine du nord. Pluies et neiges se sont faites rares, remplacées par les tempêtes de sable du Gobi, qui ont frappé les semailles de blé, maïs et sorgho en pleine phase critique de germination.
Le résultat, en mai, est la plus forte sécheresse en cinquante ans, de la rive nord du Yangtzé à la Sibérie. Au 15 mai, plus de 12 M ha offrent le spectacle de champs jaunissants, dont 15% déjà morts. 15 M de gens ont leur eau rationnée. Encore ces chiffres ont-ils monté de 1% /jour depuis 15 jours. Le Ministre de l’Agriculture gère la pénurie et donne priorité à l’eau potable, et à l’irrigation des champs à semences.
Arrivent aussi, du Kazakhstan, les sauterelles, par centaines de millions qui ont déjà détruit 1,2M ha entre Xinjiang et bassin du Fleuve Jaune et volent vers le Hebei, semant la désolation à travers 4000 km d’ouest en est. D’ici juin, elles auront mangé 2,7 M ha de récoltes.
La Chine redoute aussi l’incendie de forêt et de prairie, favorisé par la baisse de prévention dans l’ex-URSS ruinée. En quatre mois, 185 foyers ont dévoré 141.000 ha – ce n’est qu’un début, avant les chaleurs estivales.
Enfin, paradoxalement, les autorités n’excluent pas, d’ici deux mois, la montée de crues sur le Yangtzé, et des situations critiques pour des villes comme Wuhan (Hubei), dont 80% des 48 digues, mal bâties, sont minées par une fourmi "blanche" spécialement virulente.
Toutes ces calamités ont un seul résultat, le désert, qui avance en Chine de 2600 km²/an et se rapproche de Pékin à 2 km/an. Elles n’ont aussi qu’une cause, humaine : jusqu’à hier, Pékin a laissé le bûcheron abattre toutes les forêts, le migrant défricher (en champ ou pâturage) toutes les prairies. A présent, c’est l’heure des comptes – et on ne raie pas d’un trait de plume, un demi siècle de mauvaises habitudes!
Sommaire N° 18