Jusqu’à hier,à ce qu’on croyait, les migrations de la faim de Nord-coréens vers la Chine étaient marginales et pour cause: l’information restait secrète.
Mais d’Osaka au Japon, le professeur coréen Lee Young-Hwa a soulevé un lièvre, révélant simultanément l’existence de camps de réfugiés en Chine, et d’une émeute avec prise d’otages (18/4). L’information lui était parvenue des filières sud-coréennes du Nord-Est. Ainsi dans un camp proche de la frontière nord coréenne, des réfugiés se sont mutinés, refusant d’être reconduits dans leur pays où ils craignaient la mort- par les armes, ou bien de faim. La police locale a confirmé, précisant que l’incident s’était réglé le jour même: les réfugiés «coupables» ont été déplacés vers un autre camp à Tumen, centre de transit. Selon m. Lee, les émigrés de la faim 100 à 200000, dont une fraction vit cachée au sein des minorités coréennes du Liaoning et du Jilin. Les migrations auraient fort augmenté depuis mars, suite à l’interruption des distributions de vivres en Corée. Signe qu’en attendant la prochaine récolte, Pyongyang connaît une soudure des plus difficiles.
Opéra de Pékin : après la vague de critiques non publiées et le report sine die de la cérémonie de pose de la 1ère pierre (cf VdlC n°11/V), c’est, pour ce projet de prestige, le statu quo. Le Conseil d’État "prépare" le feu vert, et rencontre en chemin deux obstacles techniques : la faisabilité non démontrée (conséquence de délais d’ étude trop courts) et le budget d’origine, intenable. Confronté au même problème de coûts, Canton vient pour sa part de voter le report à des temps meilleurs de son projet d’Opéra, ce que la presse pékinoise s’est empressée de relater – zhisangmahuai, ("montrer le mûrier pour dénigrer du sophora"). Le chantier pékinois, en attendant, fonctionne jour et nuit.
La campagne anti-corruption monte en puissance. Un vice-président de l’ANP, Cheng Kejie, est exclu du Parti et remis à la justice pour avoir détourné "avec sa maîtresse" entre 1992 et 1998 pour 4,8MUSD. A l’autre bout du pays, sur la même affaire, cinq cadres du Guangxi, au plus haut niveau, sont incarcérés, dont le vice-président provincial et l’ex-maire de Nanning –un vice maire d’une autre ville est exécuté, pour avoir pris plus d’un MUSD. Autre "affaire" du même genre : à Pékin, cinq fonctionnaires et hommes d’affaires ont été condamnés à mort (18/4) pour avoir détourné 14MY en diverses affaires. Par contre, le 19/4, An Jun, qui avait monté son réseau indépendant d’enquête contre les fraudes à Xinyang (Henan), en a pris pour quatre ans : comme toute autre dossier public, la lutte anticorruption reste, très fermement, dans les mains du Parti et de l’État
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