A la loupe : Zhu Rongji, un an après – quel bilan?

A la veille du Plenum de l’Assemblée nationale populaire (ANP), le 1er Ministre passait pour isolé, n’ayant tenu, selon ses détracteurs, qu’un seul de ses audacieux paris de réformes, lancés 12 mois avant: celui d’une croissance du PNB de 8% pour 1998 (en fait, même ce bilan-là est contesté : selon le rapport du Département d’Etat US, le chiffre réel serait «3 à 5%»). Mais il peut être instructif d’y regarder de plus près:

1. administrations: Zhu voulait recycler 4M (la moitié) de fonctionnaires, et éliminer 15 ministères.

C’est fait, mais souvent,  sur le papier. Ainsi au MII, super ministère des télécom, les 3 organes d’origine sont toujours là, ainsi qu’une bonne part des ronds de cuir -payés à ne rien faire. Par contre, les administrations spécialisées n’ont plus un mot à dire dans la gestion des usines : cette coupure-là est faite!

2. logement: après des mois de folie, où les employés, surtout âgés, ont pu acheter leurs appartements pour rien, le plan est stoppé -et les deadlines pour décupler les loyers socialistes, sont oubliées. Mais un pourcentage inquantifiable du parc immobilier public a changé de propriétaire, et ne coûtera désormais plus un sou à l’Etat!

3. banque: le Conseil d’Etat a prouvé sa volonté d’assainir:

Les Quatre soeurs ont été recapitalisées (12MMUSD); la Banque centrale (BPdC) s’est restructurée et a reçu des pouvoirs plus nets de contrôle, étayés par un appareil de lois/règlements (telle la césure obligatoire entre banque et bourse). Enfin, la GITIC, la Guangdong Industrial Trust and Investment Corporation et une soixantaine d’instruments financiers défaillants ont été impitoyablement fermés -l’Etat ne paie plus!

4. Firmes d’Etat : par rapport aux 300 000 entreprises d’Etat (EE), et à leurs 102,3 MMUSD de dettes en 1998 (+22%), le plan de dégraissage («garder les gros, lâcher les petits»), a été mis en veilleuse: les ventes sont suspendues, après (au moins) 12 MMUSD de pertes en suppression illégale des dettes, et d’autres pertes colossales en sous-évaluation des actifs. Mais à ce prix, 90% des PMEE côtières et méridionales, 60% de celles du nord ont été vendues, plus vaste redistribution des moyens de production depuis Mao. En quelques mois, une privatisation non dite, à large échelle de l’économie a débuté, qui pourrait s’étendre un jour aux grandes entreprises d’Etat (GEE) – des signes le suggèrent. Côté emploi, l’Etat n’a pas craint de sacrifier 3 à 4M de jobs par an (textiles, mines), atteignant le seuil critique, 8% de chômage urbain…

Ainsi, une évaluation plus fine des 12 mois, aboutit à des conclusions plus positives :

Zhu n’a pas atteint ses objectifs dans les délais, mais aucune de ses réformes n’est «out» -elles sont juste freinées, pour éviter des explosions sociales, et toutes sont sur leurs rails -sauf en cas de destitution du 1er ministre et de remise en cause de sa politique. Tournant bien improbable – seules des circonstances extrêmes, aujourd’hui inciteraient le leadership.

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