En 1993, la Chine s’était dotée d’une loi du copyright, dans l’esprit du temps : au terme de l’article 43, la protection de l’auteur -compositeur s’arrêtait aux murs des stations de radio et télévision, qui pouvaient diffuser, voire même réécrire (plagier) ses textes et chansons « non commercialement » à volonté, sans rien lui payer. Pour rendre la loi moins agréable encore, l’auteur étranger, était dispensé (au nom de conventions internationales signées par Pékin).
Le Chinois lui, s’il se plaignait, risquait le boycott. A vrai dire, cette situation ne manquait pas de logique – d’un point de vue historique : la plupart des auteurs-compositeurs sont fonctionnaires, et astreints, depuis un discours de Yan’An (Mao Zedong, 1942), jamais désavoué, à un mandat d’illustration pour les masses, des directives du Parti. Chaînes de télévision et radio menaient, depuis des années, un combat d’arrière-garde, pour conserver leur privilège : payer les droits, serait trop cher, et causerait des jalousies…
Aujourd’hui, un groupe de travail à l’Assemblée Nationale Populaire s’apprête à imposer le changement : l’artiste n’est pas un fonctionnaire mais un créateur, et son travail n’est pas une propagande mais un produit – qui doit être protégé, comme tout autre -même si l’auteur touche encore, accessoirement, un petit salaire.
C’est sur le plan du droit international que se place le législateur : il s’agit de choisir entre la norme mondiale et celle de la morale socialiste: la Chine, manifestement, a fait son choix, qui dépasse de loin le sort des rengaines de quatre sous et poésies pour midinettes !
Sommaire N° 8