Pour le nouvel an lunaire, les industriels rivalisent d’imagination pour lancer sur le marché des cadeaux originaux. Parmi ceux ci, a fait fureur, à Harbin (Heilongjiang), ainsi qu’à Changchun (Jilin) cette paire de chaussette, au fondement desquelles est imprimé un visage anonyme. Le porteur doit écrire (à l’encre indélébile, suggère non sans vice le mode d’emploi) le nom de son rival, amant infidèle, chef de service vachard : dès les premières effluves de sueur vengeresse, c’est garanti, le gêneur devrait à jamais cesser de nuire. Et si ce n’est pas vrai, au moins, ça soulage !
Dans certaines campagnes, il n’est pas rare de voir tel père de famille trop libéral de sa semence, forcé par les instances compétentes à la stérilisation. Cultivateur célibataire à Luhe (Canton), Liu Wenzan était loin d’entrer dans cette définition, ce qui ne l’empêcha pas de passer bel et bien sur le billard, dont il se releva allégé de ses meilleurs espoirs : profitant de sa simplicité mentale, son voisin père d’une (trop grande) famille l’avait convaincu pour quelques verres, puis quelques sous, de prendre sa place, à l’hôpital, puis de lui remettre, à la sortie, son "certificat de stérilisation" – qu’il pourrait brandir au nez des agents du planning, tout en conservant incognito ses bijoux de familles. Et si d’autres enfants lui advenaient par la suite – et bien, ils ne seraient pas de lui, et puis voilà.
Mais le plus sordide, dans cette histoire, était encore à venir : quand le père de Liu se présenta au Commissariat pour dénoncer le vol de la virilité de son garçon, les limiers haussèrent les épaules : ce genre d’affaires, à Luhe, était monnaie courante, avec la complicité des médecins (qui, en Chine, ne prêtent aucun serment, ni d’Hippocrate, ni de qui que ce soit, et sont simplement déclarés aptes par une Commission, sans examen ni soutenance de thèse, à la sortie de leur cycle universitaire). "De toute manière", expliqua un commissaire un peu moins blasé que d’autres au père éploré, " pour ce genre de délit, y’a pas de droit : y’a rien à faire ! "
Zhu Yuanzhang est bien moins connu qu’il ne le mériterait, puisque c’est lui fonda au 14e Siècle la dynastie Ming (1368-1644). D’extraction très modeste, ce fils de paysan était entré – très classiquement – dans les ordres bouddhistes, dans ceux mendiants. Devenu empereur, considérant la contingence de la destinée humaine, il avait cherché à s’assurer un repos " éternel ", en ordonnant que des théories de cercueils identiques sortent au même moment, par chacune des treize portes de Nankin, vers des destinations secrètes, tandis que la population restait consignée dans ses huttes, sous peine de port.
Hélas, les archéologues socialistes, armés de leurs outils modernes se sont ri de la supercherie naïve, et ont identifié les sites, l’un après l’autre, après étude approfondie des documents d’époque, cartographie aérienne et bombardements magnétiques. La sépulture cachée a dû se rendre : on y a détecté l’empereur déçu, sa femme et à défaut de petit prince, ses quarante six concubines. L’étude des corps déterminera si ces beautés, dans l’accompagnement du maître vers les rivages de l’au delà, étaient consentantes !
Sommaire N° 8