C’est un bon moment pour réformer le secteur des loteries – les billets s’achetant, et s’offrant le plus volontiers au moment de la pleine Lune du Printemps (Nouvel An, maintenant). En effet, des centaines de loteries fonctionnent, lucratives et illégales, sous l’égide des villes ou des grands magasins. Seules deux loteries (celles du Sport, et de Bienfaisance) ont la licence, avec quotas, sous l’audit direct de la Banque Populaire de Chine. La réforme vise notamment à forcer les organisateurs à un peu plus de transparence,
pour ne pas « décevoir » les vainqueurs. Tel le citoyen pékinois Wangqi, qui gagne une Citroën Fukang, pour apprendre qu’elle ne peut rouler, suivant les nouveaux règlements, sans pot catalytique -à installer à ses frais. Enfin, comme fraude, il y a pire : au tribunal, le mauvais gagnant a été débouté !
Terreur des commerçants peu scrupuleux, Wang Hai, le chevalier blanc du consommateur, annonce son plan de bataille pour 1999 : les faux médicaments. Wang, qui a fondé sa compagnie de services consuméristes, a frappé, en 1998, une série de fausses cliniques de soins anti-vénériens très demandés, par les temps qui courent. En 1997, il avait mis sur la paille 200 distributeurs en téléphones GSM, en prouvant que leurs produits « importés » étaient de la camelote.
Son tout dernier « coup » : dans les toilettes d’une grande surface de Tianjin : Wang a constaté qu’on ne lui donnait pas de facture pour les 0,6Y perçus, et que cette taxe était illégale (d’après le règlement, les « commissions », petites ou grosses, sont à la charge du magasin. Pour les 1,8Y payés (ils étaient à trois), plainte est engagée !
La mairie de Chongqing s’inquiète des résultats de cette enquête auprès des 24 villages du canton de Shizhu : 19 d’entre eux renoncent à renouveler les baux fonciers sur 30 ans, et laissent leurs terres en jachère :
[1] les paysans ne veulent plus cultiver les espèces arbitrairement imposées par les pouvoirs locaux (en fonction de leurs intérêts plus que de ceux des cultivateurs , ou du marché),
[2] les taxes illégales sont écrasantes,
[3] les prix publics, trop bas (calculés suivant les besoins des villes, déprimés par les excédents, et mal gérés par les offices des grains incompétents),
[4] s’engager comme manoeuvre à la ville, pour les jeunes, est d’un rapport bien plus sûr.
En octobre 1998, à Nanyang (Henan), ce paysan avait acheté une sourde-muette, en des noces d’une légitimité boiteuse. Deux mois plus tard, la police détint la femme – le Commissaire expliqua au mari que vu le cas social, il lui laisserait la garde de sa moitié, moyennant un écot de 2000Y. Quand le fermier tenta de transiger à 1000, offrant à l’officier pour l’amadouer 4 cartouches de cigarettes, ce dernier prit la mouche, et alloua la handicapée ailleurs – pour 3000Y.
Les petits investisseurs de Hong Kong en mal de délocalisation, ont créé le tissu industriel de Shenzhen, voire de Canton, en y créant des usines qu’ils dirigeaient directement, rentrant chez eux une ou deux fois par semaine, et entretenant un second foyer -souvent à l’insu de leurs épouses. De ces unions sont issus pas moins de 188000 « enfants » de moins de 29 ans
(en 1996) -et 400000, tous cas confondus.
La « baby-bombe » a explosé dans l’enceinte de la Cour d’Appel finale, quand un juge a lu le verdict autorisant tout ce monde en culottes courtes a rejoindre sa famille sur le « rocher ». Aussitôt, avec bon sens pratique, l’administration a commencé à établir ses quotas annuels : 100000 par an, pendant quatre ans – et le plus vaste mouvement migratoire vers l’ex-Colonie de la Couronne. Mais le plus étrange, dans cette affaire, est l’attitude de l’Armée Nationale Populaire, à Pékin, qui avait décidé en 1996, que ces candidats immigrants resteraient chez eux : l’Assemblée Nationale Populaire persiste et signe, et continue à vouloir protéger sa Région Administrative Spéciale – contre elle-même !
Sommaire N° 6