A Pékin, la plupart des familles savent où placer leur argent en 1999 : à 15% dans un logis (+ 3%), à 15,5%, dans un PC individuel (+ 40%). Il se trouve même 1% à vouloir acheter un vidéo téléphone. En chute libre en 1999 (de -30 à -80%), les VCD, micro-ondes, télévisions couleurs (gd écran), bipeurs, appareils photo. Dans ce tableau, les produits made in Beijing font pâle figure : le produit pékinois, à basse technologie genre alcool ou mobilier, passe pour grossier, à l’inverse du shanghaïen (raffiné) ou du cantonais (moderne).
En secret, Pékin vient d’entamer la construction d’une autoroute circulaire de 200 km pour affranchir la capitale des trafics de passage, et de sa pollution.
Curieuse affaire de droit commercial, que celle des frères Chen, depuis leur magasin de hardware de Fuzhou, qui offraient aux clients en prime, le téléphone gratuit, via Internet vers les Etat-Unis. Le Ministère des Industries de l’Information (MII) les fit arrêter… Pour s’entendre déjuger à la cour locale : s’agissant d’une technologie originale, elle n’était pas astreinte au monopole. Ce jugement met dans l’embarras le MII et sa branche commerciale China Telecom : première impasse, juridique, dans leur projet de rejet absolu de toute concurrence en matière de service téléphonique – le MII a fait appel !
Créer des Joint venture « matière grise + finance », est à la mode en Chine, mais pas de tout repos. Ye Shuli, doyen de l’Université du Sud-Est (Nankin) l’a appris le 28 septembre 1998, en étant arrêté et kidnappé vers Zhuhai, pour délit d’escroquerie. Cette université avait ses doutes sur les participations réelles des partenaires dans la Joint venture, et Ye était chargé de l’enquête.
Or, eut-il le temps de voir, en 8 jours à l’ombre, si le litige était publié, la Joint venture ne pouvait plus entrer en Bourse ! Un partenaire, à Zhuhai, avait eu assez d’influence pour le faire embastiller. Ye a dû sa liberté aux grèves de ses étudiants et de ses collègues. Bon prince, il ne réclame qu’un Renminbi symbolique de compensation, « pour l’honneur de la loi ».
Comme en Russie, on voit de plus en plus, en Chine, des salaires en nature, d’une nature inattendue. A Jianli (Hubei), professeurs et instits ne perçoivent plus leurs (déjà maigres) émoluments de 340 Y par mois, que sous forme de 4 cartouches de cigarettes, fraîchement roulées à l’usine du lieu : au lieu de corriger leurs copies , ils peuvent jouer les buralistes dans la rue, ce dont ils ne tirent, avec peine, que 3,5Y du paquet, au lieu des 8,5Y du prix imposé – bel exemple de taxe illégale, et de « marché » captif.
Sommaire N° 5