Après l’implosion du real brésilien (30% de chute en 8 jours), l’onde de choc a vite rejoint l’Asie, portant la rumeur d’une baisse du yuan. A vrai dire, non sans subtilité, la tempête a peut-être été délibérément ouverte puis fermée par les autorités, histoire de nettoyer le fond de l’air.
Ouverture : l’innocente provocation de Business Weekly, « dévaluer ou flotter le (Renminbi, monnaie du peuple) n’est pas forcément une mauvaise chose». Fermeture : tous les ténors (Zhu Rongji, Li Ruihuan, Li Peng, Dai Xianlong, gouverneur de la Banque Populaire de Chine) sur le pont, entre lundi et mercredi, répétant « Non, non ,non ! »: assez pour calmer (un temps !) les inquiétudes des investisseurs étrangers, avec leur capital bloqué en monnaie locale.
Alors, une tempête dans un verre d’eau ? Peut être plutôt, une transition.
[1] La Chine démontre sa capacité à franchir, sans plier, la tempête monétaire mondiale.
[2] Sa réaction dans l’affaire Guangding International Trust and Investment Corporation (GITIC) prouve que pas plus que n’importe quel Etat du monde, elle n’éprouve d’Etats d’âme pour la finance étrangère. Pékin commence à penser qu’une dévaluation bien faite, n’entraînerait pas d’effet boule de neige mondial, avec risque de boomerang sur sa stabilité interne (ce qui est sa raison principale, voire unique pour ne pas dévaluer).
[3] Au contraire, une baisse du Renminbi, un abandon du lien au USD réduirait le coût réel de l’argent, relancerait l’activité intérieure (alors que 16M d’emplois seront être perdus en 1999 !), tout en réactivant ses investissements étrangers.
La dévaluation du Renminbi arrivera donc, peut-être, comme l’affirme Dai Xianlong, quand la balance commerciale sera fortement défavorable (c’est à dire dans longtemps : pour 1999, le surplus attendu est de 30MMUSD); mais plus probablement, le jour où la Chine sera assurée que ses avantages à sauter le pas, dépassent ses risques.
Certains, depuis Hong Kong, pensent que cela sera avant fin 1999. Dès maintenant, en tout cas, Pékin abandonne la restriction monétaire (pratiquée au niveau des taux depuis 1994), et veut suivre une politique flexible, pour soutenir infrastructures, consommation (achat de voitures, maisons), PME privées : d’une politique anti-inflation, on passe à celle de relance, ce qui va dans le même sens qu’une dévaluation, et l’anticipe !
Sommaire N° 5