Il y a 12 mois, Zhu Rongji montait au créneau pour défendre le plus vénérable pilier de la politique agricole chinoise : l’office des grains. Pour protéger son monopole d’achat, trois marchés privés étaient fermés entre Pékin et Shaanxi, et quelques milliers de tonnes confisquées. Un fort signal était donné aux opérateurs « free lance » de ne pas surenchérir sur le public!
En mars, le vent tournait : le prix public était rabaissé de 2 ‘mao‘, à 1,1Yuan, sauf pour les hautes qualités, et pour 2000, était annoncé le feu vert aux opérateurs privés, à des prix « à 100% dictés par le marché ». Ce qui n’empêchait Pékin, huit mois plus tard, de revendiquer et garder, dans l’accord " OMC Sino-américain ", le monopole national de la distribution des céréales !
Tout cela traduit la valse-hésitation du régime, face à ce monde rural dont il vient, entre ses principes idéologiques et ses dures réalités budgétaires. Les offices des grains ont perdu, entre 1992 et 1998, 65,4MMUSD de crédits (siphonnés par les pouvoirs locaux). Ils coûtent aujourd’hui 12MMUSD par an, pour un bénéfice réel de 30 Yuan par an par paysan.
Dénoncée par rien moins que le Centre de Recherche au Développement (CRD) du Conseil d’État, l’inadéquation est dans le mandat de ces structures maoïstes, supposées réguler le marché du grain (fonction d’arbitrage), assurer la protection du revenu agricole (fonction politique), tout en présentant des bénéfices (rôle commercial, dont il est fort incapable).
Le CRD lâche une autre bombe: le stockage individuel pourrait remplacer le public. Bien sûr, le stockage privé de demain ne sera pas "au grenier familial", mais en silo, résultat d’investissements puissants, de groupes spécialisés. Pour l’instant, on n’en saura pas plus.
Gageons que les prochaines étapes sont fixées, et seront progressives, pour "faire passer" cette terrible pilule aux potentats locaux.
Sommaire N° 41