Avec l’élection de Susana Chou, députée aguerrie (20 ans de métier), au perchoir du Leal Senado, succédant à celle d’Edmund Ho comme chef de l’Exécutif, le gouvernement de Macao, seconde Région Administrative Spéciale de Chine, est prêt 70 jours à l’avance.
Derniers préparatifs aussi pour le juge Fernando Estrela, envoyé spécial de Lisbonne, pour boucler avant la date fatidique du 20 décembre le verdict de Wan Kuok-koi, parrain de la plus féroce des Triades, la K14, répondant au sobriquet (parfaitement immérité depuis l’implantation d’ une prothèse) de « Koi-les-chicots ».
Cette fine fleur de la pègre locale risque pas moins de 12 ans, si ses motifs d’accusation sont retenus : parrain, trafic d’armes, jeu illicite, prêts usuraires, kidnapping, chantage, usurpation d’identité).
Sur fond culturel cantonais et portugais, ce procès ne pouvait qu’être coloré : le premier jour, Koi a tenté de faire accroire au juge que son scanner branché sur les ondes policières, lui aurait été fourni par une grosse dame, de lui inconnue, mais subséquemment noyée lors d’un naufrage en Chine.
Le second jour, à l’aide de ses 10 avocats, le mafieux tente de faire traîner le procès au-delà du 20 décembre, dans l’espoir de redémarrer la procédure avec des juges plus sensibles à ses arguments monétaires ou occultes. A l’évidence, Koi-les-chicots a plus confiance dans cet avenir là. Il n’a peut-être pas vraiment le choix : 12 ans de prison signifieraient la fin de son règne. A Macao, pas plus qu’ailleurs, la mafia n’attend pas pour remplacer un parrain déchu.
Sommaire N° 34