Shanghai avait eu son opéra de prestige, signé du français J.M. Charpentier. Fin juillet, Pékin (Jiang Zemin, selon certains) a tranché, au terme d’un « appel d’offres » de 44 projets, pour une voilure de titane et de verre dessinée par le français Paul Andreu. Le site : voisin de l’Assemblée Nationale Populaire, près de Tian An Men. Le chantier d’un coût d’1,2MMFF, sera réalisé d’avril 2000 à 2002, localement sous supervision du groupe d’ingénierie français Setec.
Originalité du concept : sa forme de « bulle » dans un étang au cœur d’un parc, avec corridor de verre « sous-marin » comme hall d’entrée, et une surface utile importante, 120000 m² bâtis (10ha de terrain), pour un opéra de 2500 places (4 scènes escamotables), un auditorium de 2000 places, un théâtre (3 scènes) de 1200 et un atelier théâtral de 350 places.
Les réactions Pékinoises sont ambiguës :
[1] satisfaction de donner à Pékin les moyens de demeurer capitale des arts;
[2] doutes sur le design, s’agissant d’une architecture non intégrée à un cadre antique (Zhong Nan Hai);
[3] protestations sur les crédits, car en pleine récession, la Chine a d’autres besoins, sociaux, plus urgents;
[4] risque de sous-emploi du complexe, puisque Pékin n’entretient pas de troupe d’opéra classique. D’autre part, à 500 à 1000 Yuan par pièce, le billet sera hors de portée des masses;
[5] Enfin, 1700 foyers seront expulsés, relogés et passeront sans transition du centre historique vers l’« enfer » banlieusard.
NB1 : en 1997, l’expo d’avant-garde de la Fondation Cartier dans la Cité Interdite, avait déchaîné une campagne de presse spontanée
contre « l’ingérence étrangère » dans « l’âme du pays ».
NB2 : Pékin cependant, prouve par ce projet fastueux, qu’on n’a, face à l’avenir, aucun état d’âme.
Sommaire N° 31