Temps fort : Falungong – le pari de l’interdiction

Jusqu’à son interdiction le 22 juillet, le Falungong était « inconnu » dans la presse. Depuis, par son feu de critiques furieuses et quotidiennes, le régime exprime sa peur rétrospective, après l’occupation, le 25 avril, des abords du Quartier Général du Parti Communise Chinois (PCC) par 10000 de ses fidèles.

Au-delà de l’accusation « faciale » d’être une secte, Pékin reproche fondamentalement au Falungong de s’être doté, en 7 ans d’existence, d’une structure de masse (100M d’adeptes revendiqués), et de prôner que l’avenir humain ne passerait pas par les gouvernements. Peut-être pire que tout, le PCC n’admet pas que la mouvance de son gourou Li Hongzhi ait pu débaucher des centaines de milliers de ses membres à tous niveaux (des rumeurs courent d’une « chasse aux sorcières » en cours, avec purges et rédactions d’autocritiques)…

La croissance météoritique du Falungong a été favorisée par deux choix : celui d’une gymnastique matinale, très populaire en ce pays, et celui de professer des valeurs spirituelles, thème porteur auprès d’un troisième âge militant de la première heure, en conflit de valeurs avec les nouvelles générations et déboussolé par la mort clinique du socialisme.

En optant pour la répression, Pékin pense débrider l’abcès. Non sans danger : l’interdit frappe le Falungong, voire d’autres mouvements sectaires (le Xianggang dit-on, 30M d’adeptes, serait visé), mais pas le terreau qui l’a fait éclore, à savoir l’érosion du système, et le vide moral. Et à vouloir épurer trop rigidement l’appareil, sous l’angle des fléaux du Falungong ET de la corruption, le Parti courrait le risque de fragiliser sa base de pouvoir.

 

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