Temps fort : OMC : entre Pékin et Tokyo, marché conclu!

Sur la question de son entrée à l’OMC, Pékin depuis 2 mois gardait le silence – on entendait derrière les murs les ombrageux débats, internes et avec Tokyo. Surprise : ils ont abouti vendredi, avec la signature de l’accord bilatéral, par les premiers ministres Keizo Obuchi et Zhu Rongji.

Concession à ses fortes résistances internes, la Chine a imposé deux préconditions :

[1] secret sur le contenu. Tokyo aurait « lâché du lest » sur le marché chinois des télécoms (laissant aux Etats-Unis et à l’ Union Européenne la charge de rattraper ce dossier), et Pékin concédé sur la grande distribution et les Joint ventures;

[2] « Pékin n’est pas prête à rouvrir le dialogue avec les Etats-Unis et l’Union Européenne ». Par contre, Pékin fait une concession essentielle : le jour venu, elle s’engage à ne pas revenir sur les offres faites à Washington en avril. Tout est dit!

L’accord a abouti, grâce à trois faits favorables.

1. Seul membre hors OTAN du groupe G7, Tokyo était le mieux placé pour conclure le premier, et aider Pékin à sortir d’un isolement qu’elle ne saurait briser seule;

2. Fidèle à une vieille stratégie, quand Pékin est en froid avec les Etats-Unis, elle cherche le réchauffement avec ses voisins;

3. Le temps était bon pour un tel new deal commercial avec Tokyo : en 1998, les échanges bilatéraux ont baissé de 4,8% (60MM USD); les Investissements Etrangers Directs (IED) nippons contractés, de 20,6%, les IED payés, de 20,9 %. Clairement, le capital nippon se désengageait, désenchanté, d’un pays jugé « trop longtemps, trop fermé ».

Indice de l’urgence (mutuellement ressentie) de ce « mariage d’affaires » : il s’est fait, quoique Tokyo n’ait rien cédé (il ne le pouvait pas) sur son traité de défense conjoint nippo-Etats-Unis, et que Pékin n’ait voulu agir sur la Corée du Nord, pour qu’elle renonce à un nouveau tir de missiles, hantise du Japon.

Enfin, cet accord est entièrement positif, consolidant Obuchi, après un an de pouvoir, face à son patronat, Zhu, face à ses adversaires (que d’aucuns disaient « pâle » il y a quelques jours), et surtout, le processus d’intégration de la Chine au cénacle commercial planétaire.

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