Dans sa course vers l’OMC, la Chine vit un paradoxe: face aux USA, aux relations pourtant tendues, le dossier est mûr: le contrat d’adhésion se fera sur la base des concessions offertes par Zhu Rongji en avril, et Bill Clinton (en renouvelant la clause de la Nation la Plus Favorisée « MFN »,) comme les Présidents de multinationales (Kodak, Fedex) assiège le Congrès pour assurer le feu vert à la Chine.
Face à l’Union Européenne cependant, quoique celle ci soit mieux vue à Pékin ces temps derniers, l’on refuse l’envoi d’une mission de Bruxelles, afin de dégager l’accord sur les 5 à 10% d’échanges non couverts par le deal sino-américain…
La contradiction est politique, et lourde: provisoirement, la Chine n’est plus prête à adhérer. A travers le pays, s’éveillent d’innombrables intérêts ayant à perdre avec l’OMC. Un fossé se creuse entre 2 camps.
Pour: la Côte, le Sud, les industries légères / électroniques.
Contre: l’Intérieur, le Nord, les Ministères des télécom, de la sidérurgie, du textile.
Zhu Rongji («Mr OMC» en Chine) paie pour avoir sous-estimé l’info et la préparation psychologique du pays, plus nécessaire en Chine (qui sort de 3000 ans de «fermeture», confucianisme autocentré) qu’ailleurs.
Débat politique: inquiet de toute question de stabilité interne, le pays peut il «digérer» son adhésion, sans heurts?
Sur le fond, la Chine a-t-elle besoin de l’OMC tout de suite? Ou peut elle attendre quelques années, le temps d’assainir son secteur public, tout en renforçant ses «piliers stratégiques» industriels et de service?
La décision devrait être prise (suite à une évaluation culturelle et politique, actuellement en cours), lors du conclave de Beidaihe, en juillet ou août. Ce qui est en jeu, n’étant pas l’entrée elle même (qui est irréversible), mais son avènement cette année. Vu les lourdes contraintes de part et d’autre, 2 ou 3 ans de fiançailles de plus, ne feraient peut être aucun mal!
Sommaire N° 23