Cet instrument (cf VdlC n°17) copié des USA pour résorber les mauvais prêts bancaires, a été critiqué lors du Forum. Le Resolution Trust Fund pris pour modèle, faisait racheter par l’Etat 150MMUSD, soit 1% de la dette nationale américaine. Mais les prêts insolvables chinois forment une part bien plus grave, 25 à 40% des «actifs» des 4 grandes banques, détentrices de 90% de la masse monétaire, soit 2000MMUSD chez les banques, 500 chez les ITICs et 200 dans les dettes triangulaires.
Ces pourcentages parlent d’eux mêmes: ni l’Etat, ni l’épargne ne suffiraient à racheter une telle masse. D’autant que la loi de la faillite serait (dit l’étranger) anticréditeur, et le marché pour ce genre de titres, limité (ni étranger, ni porteurs privés ne devraient y toucher).Autre incertitude: quelle garantie, que les Quatre Soeurs ne feront pas d’autres mauvais prêts? Aucune, disent les experts, qui voient cette banque toujours figée dans des réflexes administratifs, en dépit des débuts de réforme de l’an passé: «le potentiel est grand,» dit l’un d’eux, «pour faire de la banque un cauchemar public et non un outil du marché».
Suite aux consignes très sévères d’éviter de nouvelles pertes, les banques ont en 1998 cessé tous nouveaux prêts. En 1999,les dernières consignes ont été de rouvrir le robinet du crédit -et des risques d’erreur : retour, case départ!
La Chine a pourtant, on lui en rend acte, fait preuve d’un grand courage en mettant en faillite un «gros poisson», la GITIC, la Guangdong Industrial Trust and Investment Corporation. Mais un seul suffit-il pour faire peur à tous les autres?
Le seul avenir possible des banques, consistant à prêter l’argent privé (l’épargne, 45% du PNB, la plus grosse du monde) au secteur privé émergeant.
Toutefois, ce dernier, fort demandeur de crédits, n’apparaît souvent pas encore lui-même éligible à de gros prêts,- avec sa structure financière souvent plus riche en dettes qu’en actifs, et sa comptabilité «amateur», vide de document permettant au prêteur de réaliser son évaluation du risque. De plus, les PME privées ont trop tendance à faire «coréen», ou «Entreprise d’Etat»: à chercher à se diversifier trop tôt, dans les métiers sans rapport: «pour le banquier, financer un groupe textile, dans un projet de production de motocyclettes, n’est pas un bon risque».
Un des aspects du défi qui s’ouvre aux autorités financières est celui des marchés monétaires parallèles, style coopératives monétaires (fort prisées dans le sud côtier), marché noir etc. L’État les poursuit de ses foudres légales, afin d’éviter les accidents immanquables en ce genre d’activité -les carambouilles et faillites pyramidales. Et pourtant, dit cet analyste américain, la seule bonne réponse consisterait à laisser vivre ce marché parallèle, tout en ouvrant la bourse chinoise aux « cow-boys» (petits opérateurs) qui en sont aujourd’hui interdits.
Par exemple (le Vice-ministre des Finances Lou Qiwei y a fait allusion) en mettant sur le marché une part des 70% de titres des EE, statutairement contrôlés par l’Etat.
La question «de vie ou de mort», pour le régime comme pour les banques, étant de débloquer cette épargne improductive, pour nourrir une croissance générée par le secteur privé: «il serait facile de nourrir, durant 10 ans, une croissance axée sur la construction de biens durables, et de logement individuel. C’est ce qui s’est fait en Amérique en ’45, en dotant chaque G.I. retournant de guerre, désargenté, d’une maison à crédit».
Sommaire N° 18