C’est à un Forum taiseux que Pékin a pu assister. Non que le choix des thèmes (le maintien de la réforme des Entreprises d’Etat, et la relance) ait été moins pertinent que les années précédentes, ni moins prestigieux le choix des intervenants extérieurs (tel sa présidence, l’américain F. Steingraber, patron du groupe A.T. Kearney).
Mais dans cette enceinte, les étrangers ont pour fonction d’aider leurs hôtes, par leur regard extérieur, à accoucher de directions futures.
Cette fois, la présence chinoise était mince: le Gouverneur de la Banque centrale (BPdC) Dai Xianglong, le vice 1er Ministre technique Wu Bangguo, quelques Présidents d’organes régulateurs (SETC, CSRC). Pas de Zhu Rongji, ni de Li Lanqing, ni de Wu Yi, les dei ex machina de la réforme…
Des raisons vieilles, d’autres immédiates, ont joué dans ce silence, imprévu pour cette fête de la Chine dans le Club des affaires du monde:
– pas, comme en 1998, de nouveau gouvernement, ni de politiques nouvelles,
– l’épée de Damoclès de la réforme administrative (menaçant toujours bien des postes en haut lieu),
– l’imminence de l’entrée à l’OMC – les négociations en cours, les in-certitudes sur les conséquences, exacerbant le devoir de réserve,
– et in extremis, cette stupéfiante manifestation dimanche 25 avril, Place Tian An Men (après la sortie du VdlC n°17), de 10.000 militants du groupe Falungong, mi-sectaire, mi-martial, peu connu, très organisé, revendiquant des 10aines de M d’adeptes. Ce 1er geste de défi populaire depuis 1989, à six semaines de l’anniversaire du massacre de la Place TAM, a suffi pour inciter les hôtes chinois à la prudence, et pour renforcer ce sentiment d’une Chine à l’aube d’une épreuve du feu, comme peut-être jamais en 50 ans: celle de l’adieu à jamais à l’économie socialiste, et de l’intégration complète dans les circuits économiques mondiaux
Sommaire N° 18