A la loupe : Le Rouget de Lisle chinois est mort!

 Mei you gongchandang…(« sans Parti Communiste, pas de Chine nouvelle ») : Cao Huoxing, l’auteur de cet hymne révolutionnaire vient de s’éteindre à Tianjin à l’âge de 75 ans. A son actif, plus de 1500 titres du même cru patriotique et socialiste. « Mei you…» avait été composé en clandestinité en automne 1943. Depuis lors, il a été chanté « des millions de fois » (calcule Xinhua), par 1,2MM de chinois, cri de ralliement et repère, au même titre que le portrait géant de Mao place Tian An Men, ou les vieillards à brassards rouges des carrefours.

Moins spontanément identifiables, d’autres maillons de cette culture de l’homo sinensis moderne, se cachent dans certaines manières d’être, témoins d’époques de vaches maigres (d’où cette attitude, parfois, de manger en cachant son visage), ou d’exutoire à la promiscuité (d’où cette conduite cycliste, parfois, ne tenant aucun compte du reste du trafic).

Prix du progrès, en 1999, des briquets Mao vous jouent cette même rengaine, tout en allumant votre Marlboro. Et si l’on va voir des posters de la Révolution Culturelle, c’est au restaurant Mao, tout en avalant un jambonneau à la badiane, arrosé de bière australienne. Tandis que dans les maternelles, les bambins en culottes fendues continuent à apprendre l’hymne-phare imperturbablement, comme depuis 50 ans.

C’est ainsi que par une alchimie dont eux seuls ont le secret, les chinois ont su garder leur matériau idéologique, verni à la nostalgie du passé, tout en le transformant en terreau nouveau, dont jaillit une culture consumériste: contradiction naturellement assumée, qui leur permet de continuer à vivre!

 

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