Petit Peuple : Zhang contre Zhang

• Médecin à Guozhou (Anhui), M. Zhang (I) porte plainte contre M. Zhang (II), agriculteur, et réciproquement : depuis le 19 janvier, la femme de Zhang (II) gît sous un tas de terre, dans la cour de la maison de Zhang (I), ce qui lui fait du tort – la maison étant également son dispensaire. (II) réclame 300Y, pour enterrer dignement sa légitime, que (I) a envoyé ad patres par une erreur de diagnostic. Le dédommagement réclamé, estime le fermier, est « moins cher que pour acheter un chien » (sic). Mais, choqué, le praticien ne veut rien savoir, et préfère plaider.

• A un an et demi, Xie Kaidi est la vedette de Maoming (Canton) : il connaît déjà 2800 caractères, 160 poèmes des Tang et 80 mots d’anglais. Ses parents, tous deux autodidactes, le gavent chaque jour de 20 nouveaux pictogrammes, et espèrent atteindre les 5 000 avant sa deuxième année. Leur angoisse : l’entrée du petit génie en maternelle où, au contact du commun des petits mortels, il risque la régression mentale !

• Pékin et Canton, en culture populaire, ne s’apprécient que modérément. Après sondage, ce quotidien pékinois publie neuf raisons du point de vue nordique, et pas d’une bonne foi imbattable pour dénigrer la métropole méridionale :

[1] on y « perd le nord »;

[2] pas de bistrots, que des restaurants;

[3] trop de moustiques

[4] les cantonais parlent le  putonghua (mandarin) comme des vietnamiens;

[5] limitée à 4 rues principales, Canton est un «trou»;   

[6] les cantonais n’ont pas encore découvert qu’il existait une chaîne de télévision nationale;

[7] leur football est vraiment trop nul;

[8] la neige, connaît pas;

[9] les rues sont infranchissables (avec leurs hordes de voitures, autant que Tianjin et Shanghai réunies).

• Dans notre galerie des nouveaux petits métiers, celui de Li Qiuzhong, de Zibo (Shandong) est spécialement louable : il est recouvreur de dettes. Li pratique son office, non pas, comme en Europe, suivi d’huissiers et de pandores, ni comme à Hong Kong, aidé de truands menaçant de vous trancher un doigt, mais avec différents outils plus fins, travaillant sur le registre de la perte de face :

[1] portant uniformes (impeccables) et fanions, ses hommes viennent poliment prier le débiteur de s’exécuter.

[2] le lendemain, ils reviennent, et collent un dazibao à sa porte, le dénonçant à la vindicte de la rue;

[3] si rien ne marche, ils reviennent jouer une aubade au gong au récalcitrant: le succès est fulgurant – taux de récupération des impayés, de 80%.

• En Asie comme ailleurs, les mystères de l’âme humaine sont d’une insondable complexité. Mais qu’est ce qui pousse des gens, à travers toute la Chine, à se ruer chez Huang Huiqiong dans le Guangxi, ou chez Liu Huiming (Shan-dong), pour acheter, moyennant jusqu’à 10000Y par personne, des araignées de reproduction ?

Les petites annonces font miroiter des fortunes à faire, sur ces universités (!) qui rachèteraient à prix d’or (!!) la progéniture, pour leurs expériences scientifiques. Bien sûr, quand on téléphone, avec des cageots pleins d’insectes, tout ce qu’on reçoit des acheteurs putatifs, est l’expression d’une grande surprise. Au 9 avril courant, le trafic des escrocs était toujours florissant : nulle loi ne réprime, en Chine Populaire, le commerce des arachnides (communs) !

 

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