Le 15 avril 1989, décédait Hu Yaobang, en pleine session du Politbureau. Ex-Premier Secrétaire du Parti Communiste Chinois et dauphin (réformateur) de Deng Xiaoping, Hu était en disgrâce depuis janvier 1987. Théoricien fertile, il avait inventé le mot d’ordre : « du monde extérieur, essayez tout : ce qui marche, appelez le ‘socialisme’ ».
Hu s’était aussi monté visionnaire par son essai de protéger l’identité tibétaine. Très respecté, sa mort avait déclenché protestations, occupation de Tian An Men et Printemps de Pékin. L’anniversaire de sa mort est donc le premier d’une série sensible cette année. Toute commémoration a été interdite, même dans la ville – totalement inconnue – de De’An (Jiangsi).
Hu n’est pas pour autant en disgrâce posthume – Jiang Zemin a rendu visite à sa veuve en février, et son aîné a été promu vice Président du Front Uni du Parti. Plusieurs campagnes démarrent simultanément : le rappel des 12000 verdicts invalidés en 1998 (tentative de rendre la justice plus crédible), l’annonce d’une réforme des statistiques fiscales, et un appel au peuple, à critiquer les fonctionnaires corrompus (ces 2 mesures, pour prouver le sérieux de l’Etat à poursuivre son opération « Mains propres »), et un rapport-fleuve prouvant les progrès des Droits de l’Homme en Chine…
Ce rapport n’est pas sans lien avec le vote cette semaine à l’ONU, d’une résolution des Etats-Unis, critique contre Pékin. Mais il évoque aussi, en même temps que toutes ces campagnes, la nostalgie officielle, de suivre Hu Yaobang dans son plus beau succès – se faire aimer !
Sommaire N° 16