Wang Lixiong était cet écrivain à succès, n’ayant pas froid aux yeux et prêt à prendre ses risques pour écrire des romans «véristes», « fantastiques » mais surtout à l’extrême limite de la correction politique. Il avait notamment publié le « Péril Jaune» (1991), qui imaginait la chute du Parti Communiste Chinois et une troisième guerre mondiale, puis l’invasion des Etats-Unis par quelques centaines de millions de réfugiés chinois : immense succès sous le manteau (Interdit en Chine, Wang est officiellement publié au Canada) !
En 1998, « l’enterrement du Ciel » pouvait encore passer, quoiqu’il étrillât rudement le pouvoir socialiste, dans un contexte tibétain. Wang vient de faire le pas de trop : il vient de se faire jeter dans une geôle du Xinjiang, où il effectuait un repérage pour son prochain ouvrage sur le séparatisme musulman.
La Chine (séculaire, impériale) a toujours marqué sa volonté de faire respecter ses décrets, par des avertissements « en nature », de préférence à des dates symboliques. Le Plenum de l’Assemblée Nationale Populaire n’a pas failli à cette tradition. Un des thèmes moteurs du discours introductif de Zhu Rongji avait été la lutte contre la corruption : Jeudi 11, au milieu de la session, a eu lieu (c’est une première) l’exécution de Cao Yasha, ex-Présidente du groupe industriell Haizhou (Shandong), qui avait détourné en 1996, avec un complice, 3MUSD en aides d’Etat à leur firme. L’homme de paille a reçu la prison à vie. On appelle cela, sha ji gei hou kan, « tuer le poulet et le montrer au singe (pour lui faire peur) » !
Sommaire N° 10