Argent : Un budget prospère

UN BUDGET PROSPERE

L’état des finances, telles que présentées par le ministre Liu Zhongi, n’a jamais été si favorable. Cette fois, il n’est pas utile de soupçonner une «retouche» du bilan à des fins idéologiques ou un  budget «cache-misère»: les finances publiques reflètent la réalité de l’économie chinoise – vent en poupe!

Des finances qui ont subi un profond rééquilibrage: de la moitié du budget en 1994, les recettes de TVA et de taxes à la consommation sont tombées à 30% en 1997, chute compensée par la montée de l’impôt privé et d’entreprise, ainsi que du droit de timbre sur les opérations boursières (passées de 15 à 21%).

Les problèmes qui demeurent, étant les arriérés d’impôts des Entreprises d’Etat, la charge des dettes insolvables sur les banques (pour lesquelles un fonds de 40MMY, soit 4,82MMUSD, est prévu cette année), les salaires des fonctionnaires, et la fraude fiscale (carence normale, pour un système de peu d’années d’existence).

En 1997, les recettes (niveau central et régional) ont monté de 16,7% avec 864 MMY, soit presque 3% de plus qu’attendu. Plus des trois quarts (728MMY) revenant aux régions, qui ont notamment la charge des achats des récoltes à prix garantis. Les dépenses de 919MMY ont augmenté de 15,9% soit 2,6% de plus que prévu -mais moins que les recettes.

Total : un déficit de 55,5MMY.

Parmi les dépenses les plus frappantes, on note une hausse de 21% des subventions aux Entreprises d’Etat (EE), déficitaires, avec 9,4 MMY supplémentaires: prix à payer sporadiquement, en urgence, pour calmer les usines en colère, surtout celles qui occupent le centre-ville de leur capitale provinciale… A noter, à ce niveau, au budget 1998, un montant inscrit de 50MMY -6MMUSD), pour éponger les dettes d’E.E., avant la fusion ou mise en faillite de ces dernières.

Projet de budget 1998 :

Recettes attendues: +12%,  968 MMY,

Dépenses: +10,3%, soit 1014 MMY, Déficit: 46MMY (l’État en comble 10MMY).

Symptomatiquement, la 1ère dépense est affectée à la lutte contre le chômage: recyclage, réinsertion, revenu minimum, prêts ou « grâces d’impôt » aux Entreprises d’Etat (EE). en restructuration, coûteront 17,5 MMY, cinq fois plus que l’an passé. Les fonds pour la rénovation des E.E. augmentent, eux, de 30,6%, atteignant 4,583MMY.

Dépense n°2 : les achats de céréales, revenu des 800M de ruraux : 9,2 MMY viendront, en plus de l’effort de l’an dernier, qui était de 5,566 MMY.

Suivent un effort spécial de 4,5 MMY pour la relance des exportations, et 24MMY de plus pour l’agriculture, l’éducation et les sciences (hausse moyenne de 12%). Sans oublier un confortable chèque à l’APL, 91 MMY, +12,8%, pour accélérer sa modernisation -sans précision, mais rien n’empêche de penser au renforcement des forces aéronavales.

Le poste subventions aux prix augmente: 23,475 MMY, soit +5,2% -équivalant à l’inflation attendue.

Enfin, pour financer la dette externe et interne, Pékin compte lancer pour 281MMY d’emprunts.

A ces données, Dai Xianglong, le Gouverneur de la BPdC, apporte des précisions:

1. les réserves en devises, 140MMUSD soit 40MM de plus pour l’an passé, verront leur croissance faiblir en 1998, « à cause de la crise asiatique ». Peut-être aussi parce que Pékin est consciente des risques de déstabilisation que constitue cette immobilisation hors des circuits mondiaux.

2. Les bons d’État pour une valeur totale de 32,5MMUSD, destinés à recapitaliser les banques, auront une durée de vie exceptionnelle : 30 ans. Toujours pour renflouer les 4 banques commerciales d’Etat, l’immobilisation obligatoire des dépôts, aujourd’hui de 18 à 20%, sera réduite de 5%.

3. Selon m. Dai, l’investissement étranger, en 1998, devrait atteindre «au moins» 30MM USD (contre 45 l’an passé), et un objectif d’export en hausse de 8 à 10% serait «parfaitement réalisable»

UN PLAN SOCIO-ECO TRES «PIEDS SUR TERRE»

Le «rapport sur les Plans 1997 et 1998» de Chen Jinhua, Président de la CEP (Commission d’État au Plan), confirme les orientations données par Li Peng: un Etat qui «règne et ne gouverne pas», abandonnant toute liberté de gestion aux usines, quitte à les soumettre au "macro contrôle".

Autosatisfaction pour le bilan 1997, marqué par l’utilisation de 64MMUSD venus de par l’étranger (dont 45 des investisseurs, 12MM d’emprunt et 6,7 d’actions), des découvertes scientifiques (telle la mise au point d’un riz hybride transgénique), et 12MMUSD venus du tourisme étranger.

Au chapitre «objectifs 1998 », on note ce «fil rouge» récurrent, de l’amélioration de la qualité des produits : indicateur du puissant tournant en cours, la priorité donnée à la rationalisation de l’économie et à l’adaptation aux besoins du marché.

A titre de comparaison, la formation des cadres et techniciens ( un des goulets d’étranglement de l’économie chinoise) n’apparaît qu’en 6ème position du Plan, dont un des titres est pourtant «Plan de progrès social»: on est à l’opposé des plans qui sévissaient jusqu’au début de cette décennie, chantant la production centralisée de masse et les progrès moraux du citoyen.

Le Plan 1998 prévoit une croissance de 8% (PIB), 11% (industrie),  tandis que les investissements fixes atteindront 2785MMY (10% d’augmentation) dont 1050 aux grands projets, 470 aux «modernisations techniques» (sic) et 355 dans l’immobilier (HLM). L’inflation à la consommation serait maintenue en dessous de 3%, et celle aux prix de détail, en dessous de 5%.

COUP DE NOROîT SUR LES ADMINISTRATIONS

Un appareil «d’une flagrante incapacité à répondre aux exigences du développement d’une économie socialiste de marché … aux structures géantes, sans cloisonnement entre … organismes et entreprises…, où prolifèrent bureaucratisme et autres comportements indésirables» : c’est ainsi que Li Peng fustige dans son rapport les administrations (ministères et Parti), et en dénonce « l’effet désastreux pour nos finances ».

Le programme annoncé par Luo Gan, Secrétaire Général du Conseil d’Etat-n°2 des administrations, reste succinct: les mesures réelles sont encore du domaine du secret. Sur les 40 ministères que compte la RP. Chine, 15 vont perdre leur dénomination, et deviendront (pour la plupart) «Directions Générales» sous la nouvelle, toute puissante Comm. d’Etat à l’Eco et au Commerce. Cette CEEC sera l’une des 4 instances se partageant le macro-contrôle sur la Chine, avec la CEP (affaiblie, et qui s’intitule désormais Commission d’Etat au Plan « Et à la croissance »), le Min. des finances et la BPdC, la Banque centrale.

Les ministères sacrifiés sont ceux qui géraient usines, mines, magasins etc., lesquels de ce fait deviennent autonomes et même entreprises: c’est la mort des danwei  (unités de travail), avec leur chaîne verticale de (d’ir-)responsabilité -un des derniers piliers du maoïsme.

Il s’agit des portefeuilles suivant : Charbon, Energie, Métallurgie, Machine-outil, Electronique, Chimie, Commerce intérieur, P&T, Travail, Radio/ Cinéma/TV, Géologie/ressources minières, Forêt.

Deux Commissions d’Etat les accompagnent aux oubliettes des ronds de cuirs : Sport/culture physique et Restructuration Economique. Un pan de cette réforme, encore peu clair, concerne l’Armée (APL), qui recevrait l’apanage des Sciences/ Technol. et Industries de défense, au prix d’un dégraissage de 500 000 hommes (1/6 des effectifs), et de la perte du contrôle de ses industries « civiles » -on y reviendra. Trois «super ministères» voient le jour : Industries de l’information, Travail et Sécurité Sociale, et Ressources du sol.

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