Dans sa pyramide des âges, la Chine socialiste doit affronter une redoutable faille: l’accession au marché des charges publiques, de la génération des hongweibing, ex-Gardes Rouges aujourd’hui haut gradés mais d’un niveau scolaire du certificat d’études. Si le régime veut -et il le veut!- gagner le pari de réforme dont dépend sa survie, il n’a d’autre choix que de faire l’impasse sur cette classe, et placer aux affaires les 1ers à être retournés aux universités, après 10 ans de Révolution Culturelle. Ce qui cause chez ces quinquagénaires sacrifiés, une forte amertume.
C’est ce qu’est en train de faire Zhu Rongji, 1er min. virtuel, avec son cabinet déjà -presque- en place: rien que des quadragénaires inconnus, diplômés, linguistes, formés à l’informatique et à l’occidentale.
Parmi ces futurs ministres, 2 exceptions :
– deux gaoganzidi fils du gratin du régime), Chen Yuan et Wang Qishan, fils et gendre de feux M. Chen Yun et Yao Yilin, les fils s’avérant aussi ardents réformateurs que leurs pères étaient marxistes orthodoxes.
Leur promotion est habile: elle rassurera les rescapés, toujours influents, du baitoubang («gang aux cheveux blancs») sur la pérennité de leurs dynasties.
– Wang Zhongyu, seul apparatchik repêché par Zhu Rongji, fera charnière avec l’administration existante.
Cette équipe a déjà son mot d’ordre: «le socialisme, c’est l’économie de marché, plus la justice sociale», nul doute forgé pour devenir celui du Parti à l’avenir. Le clan conservateur ne s’y trompe pas, qui remarque, non sans pertinence, que le socialisme serait mieux défini par la propriété publique – laquelle justement est en mauvaise passe.
L’enjeu de cette polémique interne, est de susciter maintenant un débat sur l’avenir du socialisme en Chine. C’est ce que l’aile gauche veut, et que Zhu veut éviter, pour garder sa liberté d’action.
Tout ceci illustrant ce slogan emprunté à Tiannu, roman évoqué ci-dessous:
1. demander puis agir,
2. agir puis demander,
3. agir sans demander
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