Avant la guerre, c’était la villégiature des étrangers – 13 consuls, des armateurs, commerçants, et beaucoup d’ecclésiastiques, catholiques et protestants. Ce pieux microcosme apporta à Gulangyu ses églises, ses chorales… et ses orchestres. Revendiquant son passé, Gulangyu dispose de 10000 instruments pour 5000 foyers, dont 400 pianos : record national, qui n’est égalé que par le taux de concerts privés.
Une école de musique vient d’ouvrir à Gulangyu. 300 élèves, recrutés sur concours – un tiers de l’île, un tiers de la ville, un tiers des provinces voisines. Elle fonctionnait depuis 1984, comme annexe de l’école primaire. A présent dotée de tous les gadgets modernes, y compris d’une cinquantaine de studios et d’un pensionnat, elle permet aux enfants de suivre, fait unique en Chine, des études normales, de front avec une formation musicale intensive, de 3 à 4h par jour ( instrument, orchestre, solfège), et au moins 2h de cours particulier par semaine.
Autre singularité : l’école privilégie la sensibilité sur la virtuosité – à l’inverse des conservatoires du pays. Et comme il se doit, elle remporte de plus en plus de prix dans des concours nationaux et internationaux – ce qui justifie son très haut niveau, comme on peut s’en assurer, au hasard des studios.
Tout ceci confirmant une bonne fois, que dans Gulangyu, même 10 ans de révolution culturelle n’ont pas privé la population du goût sulfureux de ce que l’on appelait à l’époque « drogue bourgeoise, capitaliste et étrangère » – la musique !
Sommaire N° 40