A la loupe : LA PETITE REINE en chute libre

A 6,5 M dans Pékin, 500 M en Chine, la bicyclette a imprimé dans la voie socialiste son ornière indélébile, quadrillant la ville par nuées de spécimens de cette infinie société à 2 ou 3 roues: colporteurs, rémouleurs clinquaillants, grand-pères à mini roulottes portant leur rejeton à la maternelle, homme d’affaires en complet et grosses lunettes négociant son contrat au téléphone GSM… Malgré les peines sévères, les vélos se dérobent comme des petits pains, 200 000 par an, et se rachètent une bouchée de pain à Gangwashi (Pékin), cour des miracles interlope.

Les ennuis du vélo ont débuté en 1992, avec l’arrivée en masse de la voiture locale. Avec leurs moteurs approximatifs à combustion aléatoire, auto et camion chinois ont quintuplé la pollution, ainsi que les toux, catarrhes et crachotis calamiteux, tout au long des hivers au smog bleu.

Aux carrefours, la lutte des classes s’est amplifiée, classe des autos contre celle des vélos, qui coupent le flux motorisé d’une tenaille solidaire. Mais le vélo perd la bataille, à mesure que Pékin est convertie en ville de bureaux. Le 21, le cycliste de la rue Xisi, à deux pas de la Cité Interdite, a eu la surprise de s’en voir interdire l’accès: il en passait 6000/h, au pas, à cause des embouteillages. Personne ne s’y trompe : cette répudiation va s’étendre, etce sera la fin du règne de la petite reine des prolétaires, et d’un des ultimes espaces de liberté face à la promiscuité du foyer, des bus et du Comité de quartier.

 

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