Hier pièce maîtresse du système de contrôle des corps et des âmes, le (hukou, permis de résidence), « vissait » le citoyen cerf à son village ou a sadanwei (unité de travail). Le 22 juillet, un règlement du Conseil d’Etat a brisé cette cage de bambou, afin d’introduire une dose de liberté de résidence.
Le projet est immense: sous le mot d’ordre d’ouvrir entièrement le marché du travail, il s’agit de:
[1] Canaliser la lame de fond des 200 à 300M paysans attendus d’ici 20ans, remplacer l’ancien système obsolète -toute métropole compte des M de résidents au noir;
[2] Filtrer, vers le tissu urbain, les talents ruraux,
[3] Garantir aux villes leur source en travailleurs pour tâches ingrates à bas salaires;
[4] Réunir des M de familles séparées (notamment les enfants de divorcés, parents âgés, couples mariés).
Mais la réforme voit vite ses limites: explosant dans leurs coutures, les métropoles étouffent sous le poids des charges, et des chômeurs. C’est pourquoi le nouveau cadre maintient plus que jamais porte de bois aux principaux intéressés, les actifs. Chaque ville décidera pour elle-même, mais à Shanghai, où le système fonctionne depuis 1994, seuls sont légalisés les maîtres d’un logis à 50000 USD, ou d’investissement pour 200000 USD: soit, en 4 ans, 4000 néo-shanghaiens (sur 15M d’hts) … une misère!
Autrement dit, le nouveau système, ici comme ailleurs, remplace la sélection par le mérite socialiste, par celle par l’argent. Reste à savoir s’il sera plus efficace que l’ancien, le rêve des « Jean-sans-Terre » de monter à Pékin (Shanghai, Canton), restant aussi vif aujourd’hui qu’hier. La réponse tenant probablement, dans la capacité du régime à investir dans les villes moyennes de l’intérieur, pour les équiper et rendre plus attractives!
Sommaire N° 29