Attestée par plusieurs chinois de retour de séjours prolongés à l’étranger, la libéralisation du régime est indéniable. Ainsi, on se demande ce qui fût advenu cinq ans plus tôt de Lin Xinshu, vétéran dissident qui vient d’être assigné à résidence pour avoir comparé la crue du Yangtzé à un baromètre de la corruption du régime. Idem, Wang Youcai, autre objecteur, est relâché de prison (confiné chez lui), quelques semaines après avoir tenté de faire enregistrer une formation d’opposition, le « Parti de la démocratie ». Ses compagnons qui n’avaient pas, comme lui, signé une « autocritique », restent sous les verrous, mais 136 autres dissidents, enhardis, n’ont pas perdu de temps à signer des pétitions.
Une autre preuve d’embellie: à Shanghai, Lin Hai, fondateur d’une Cie informatique, avait remis à un groupe démocratique US 30 000 adresses E-mail chinoises, et la police l’avait arrêté pour subversion: le procureur a ordonné aux limiers de rouvrir leur enquête. En clair, le chef d’accusation ne tient pas la route – Lin, en attendant, reste en prison. Dernier indice d’amélioration : la peine de mort a reculé, l’an passé, de 31% sur 1996, avec 3000 exécutions recensées (bien moins que la réalité, le chiffre réel est secret d’Etat; mais la tendance est là, attestée par A.I.). Raison N°1 du changement : l’introduction du nouveau Code criminel, qui restreint l’application de la peine capitale. En bref : la Chine s’humanise.
A l’occasion de la visite de Bill Clinton, le Président Jiang avait marqué une victoire personnelle, en faisant épouser par son hôte, la thèse officielle chinoise concernant Taiwan, dite des trois « non » (consistant à réduire le réduit nationaliste au statut indigeste de province rebelle). Sur sa lancée, Jiang, à la veille de se rendre au Japon, semble attendre de Tokyo la même concession, ce qui suscite sur place une vive indisposition dans les milieux financiers. Pour l’Empire du Soleil Levant, « lâcher » Taiwan n’a pas de sens, vu la proximité géographique, et serait contraire à ses intérêts.
Réapparaît la rumeur d’un renforcement du statut de Jiang Zemin au sein du Parti Communiste Chinois (PCC): de 1er Secrétaire au coeur du Parti, au titre, en apparence plus sobre, de lingxiu (Leader), qu’avaient porté, avant lui, Mao et Deng. Pour justifier cette ambition, le succès du Sommet sino-US, et la gestion des inondations. Par contre, sur les deux dossiers politiques cruciaux du régime, c’est la prudence qui l’emporte: la réforme politique serait pour le début du XXI siècle, et pour accélérer la rentrée de Taiwan dans le giron de la patrie, Jiang envisage d’« élaborer » (cad d’améliorer la formule de Deng, « un pays deux systèmes ».
La Foire d’Urumqi (Xinjiang) s’ouvre dans un climat détestable. Non seulement du fait de l’absence des clients principaux, les Russes éliminés du marché par l’implosion de leur monnaie, mais aussi du fait de la loi martiale sur la 2ème ville de la province, Kashgar. Wang Lequan, Secrétaire du Parti, signale à cette occasion que 19 camps d’entraînement au terrorisme sont repérés dans la province, fonctionnant avec le soutien du mouvement islamique afghan Taliban. M. Wang nie que des séparatistes aient récemment pris une prison d’assaut et libéré 80 séparatistes ouighours. Paradoxalement, ce malaise intervient, au moment où les autorités tentent de relancer la croissance et soulever la chape policière sur cette province stratégique.
Mystérieux achat par une compagnie écran de Shenzhen du Minsk, porte-avion et vaisseau amiral de l’ex-flotte pacifique soviétique. Désarmé, le Minsk est au mouillage à Dongguan (Canton): ni canons, ni radars, ni avions.
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