Pol : quis custodiat ipsos custodes?

• Le conclave politique annuel de Beidaihe se prépare, pour la mi-août, comme de coutume – rencontre hors des yeux du monde des 50 à 60 premiers personnages du pays, où se prennent les décisions politiques des 12 mois qui suivent. Un conclave, cette fois, à tonalité économique:

Zhu Rongjiveut forcer ministères et provinces à boire sa potion amère – qu’ils refusent jusqu’à présent: à se séparer de leur personnel, jusqu’à concurrence de 50%. Pas de problèmes de nominations cette fois-ci -tous les opposants à Jiang Zemin sont déjà hors-course.

• Deux épines apparaissent, à la rose des bons rapports sino-américains scellés les deux Présidents à Pékin: le Congrès veut corriger, par une résolution, les «sérieuses fautes» de Bill Clinton à propos de Taiwan (son alignement sur la position chinoise). Et un dissident prétend être associé aux débats sur les droits de l’homme entre ONG sino-US: estimant son organisation, plus représentative que les officielles.

• Vient d’être frappé, à Macao, de toute la rigueur du bras de la justice-et-du-droit-poursuivant-le-crime, le gangster Wan Kuok-koi, (alias «Koi-dent cassée»), patron de la triade «K 14», qui terrorisait l’enclave depuis des mois, assassinant les fonctionnaires qui faisaient ombre à ses louches affaires, faisant chanter les autorités, brûlant voitures et magasins à la nuit tombée: il en a pris pour 9 mois de prison, pas un de moins, avec sursis pour 3 ans.

Châtiment très lourd, par rapport à l’unique chef d’accusation retenu: avoir bravé l’interdit (fruit d’une condamnation antérieure) d’entrer dans les salons de jeux macanais. Et comme si cette punition ne suffisait pas, il a aussi reçu une amende assassine, de celles dont personne ne se relève: de 50000 patacas (environ 30000FF)!

NB: Koi est donc de nouveau en liberté, fêté par ses centaines de mauvais garçons. La justice macanaise ne se souciant apparemment guère, de risquer sa vie pour faire régner l’ordre sur un territoire qui revient à la Chine dans 18 mois.

• 3700 bureaux de procureurs et anti-corruption à travers le pays, vont être passés au peigne fin d’une «police des polices», qui inspecteront leurs 20 000 chefs de service: 1ère enquête d’une telle ampleur, dit Li Tieying, le vice-ministre responsable, et qui montre le sérieux de l’Etat, à extirper les brebis galeuses. Mais vu le délai très court dont disposera cette force (jusqu’à fin septembre) pour étoffer ses dossiers, et surtout la masse des pouvoirs concentrés au niveau régional/local, peu d’experts parient sur la réussite de cette mission honnête, mais peu réaliste.

• Un des sites que ces limiers pourraient utilement épingler, est la Cour d’arbitrage international de Heihe (Heilongjiang): instance à 100% illégale, qui a déjà émis une trentaine de verdicts «fantaisistes» et «aux plus offrants», dénonce le Quotidien du Droit -organe peu suspect d’accusations à la légère-, qui précise que cette Cour continue à exister, par prétextes dilatoires, en dépit d’injonctions répétées de la justice centrale. Originalité de cette instance locale: ses juges sont les titulaires du Tribunal public de Heihe, ayant trouvé ainsi un job à mi-temps pour suppléer à leur maigres prébendes. Ce qui est, à tout prendre, une jurisprudence tirée par la perruque du concept de travail au noir.

• Zhu Shengwen, ex-vice-maire de Harbin, de 1992 à 1996, a été condamné à la prison à vie, et vient d’être exclu du Parti pour «fautes économiques graves». Il se plaint de tortures auprès d’Amnesty International. L’Etat, lui, lui reproche d’avoir empoché 1MY.

En 1995, la presse périodique de Hong Kong produisait une autre histoire: à Harbin, aurait sévi alors une branche locale de la  (zhu lian bang, «Union du bambou»), puissante triade taiwanaise prospérant dans toutes sortes d’activités interlopes.

Un responsable national du PCC, de passage à Harbin, avait pris ombrage de s’être vu recevoir moins bien, à l’aéroport, que le chef de clan. Ayant voulu le faire appréhender, ce mafieux l’avait su, et avait tenté, de nuit, de rayer de la surface du monde, (à la roquette) la résidence du dignitaire, sauvé in extremis par les forces de sécurité. Suite à quoi le chef de gang avait été appréhendé (après une bataille rangée entre Police Armée et malandrins), et exécuté à Pékin, après un an d’atermoiements (d’interventions en sa faveur de personnalités diverses).

Ce feuilleton rocambolesque, s’il est conforme aux faits, devrait être en rapport avec les ennuis de m. Zhu Shengwen – dans le sillage de qui 300 autres personnes ont été déférées devant la justice, dont 21 condamnées.

 

 

 

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