La crise, en Chine, est forcément aussi affaire paysanne. Après 3 grosses récoltes, les provinces perdent de l’argent, forcées qu’elles sont de racheter à prix imposé le grain qu’elles revendent ensuite (moins cher) sur le marché. Pékin éponge par l’Agricultural Development Bank (ADB) interposée. Zhu Rongji vient de présenter son plan d’assainissement. Pas de miracle: les provinces ont une date limite pour payer leurs dettes à l’Agricultural Development Bank (ADB), que Pékin ne renflouera plus. Les offices du grain poursuivront les achats au prix imposé, mais en volumes désormais bridés, tout en tenant compte de la stabilité de l’offre et des prix. Ainsi, un lent déstockage devrait permettre de ranimer la demande et réduire l’écart entre les 2 niveaux de prix. A noter que Zhu a reculé, pour l’instant, devant une décision politiquement insupportable pour les provinces céréalières (pas encore si ouvertes !): le remplacement des offices du grain (fleuron maoïste) par des firmes commerciales privées!
Récolte nationale n°2, le coton connaît une crise similaire: après des décennies de déficit et le fléau de la peste une fois jugulé, la production s’emballe, la Chine devient exportatrice nette: fin mars, les stocks atteignaient 700 000t, +40% en 12 mois, et 6 mois de réserve. Dépourvu du stockage nécessaire, l’office du coton a perdu dans les intempéries, pour 1MMY en 1997, non remboursé par le pouvoir. Crise aggravée par la chute des monnaies asiatiques: les exports de fil ont chuté de 23% durant le 1er trim.
Ici, Pékin vient d’annoncer, pour la 1ère fois depuis la fondation du régime, un accroc à son système de contrôle des prix: baisse des prix d’achat, de 700 à 650Y/50Kg, et feu vert aux provinces pour une fluctuation de plus ou moins 5%.Au Xinjiang, responsable de 25% de la production, l’office provincial peut fluctuer sans limites, et vend 220000t aux USA, à prix non précisé, sous réserve d’interdit de réimportation. Cette solution témoigne d’une inspiration identique à celle du marché des grains: ne rien toucher aux instruments d’Etat, mais se rapprocher du marché. C’est un 1er pas !
Le Heilongjiang, un des foyers industriels ruinés du pays (la seule motivation à cet investissement maoïste, dans les années 1960, avait été le souci politique de renforcer la zone, pour mieux résister à une invasion, jugée inéluctable, de l’URSS), veut vendre 1000 PMEE au secteur privé, le plus grand nombre de firmes bradées à ce jour. Mais où trouver autant d’acheteurs?
Afin de lancer ses fonds mutuels, la China Securities Regulatory Commission (CSRC) leur avait octroyé le privilège d’un droit de préemption de 5% sur toutes émissions de parts « A » (réservées au marché chinois). Mais le succès foudroyant de ces nouveaux titres, pousse la China Securities Regulatory Commission (CSRC) à la prudence. Ces SICAV ont été lancées pour tempérer la spéculation, non l’inverse: le privilège sur les parts « A » est suspendu fin avril, après seulement 8 jours.
Expérimenté depuis janvier à Canton, le crédit hypothécaire démarre mal. Les 3 banques autorisées à offrir ce type de prêts sur le marché immobilier d’occasion, n’ont guère fait mieux, ensemble, qu’une poignée de logis vendus. Le crédit hypothécaire n’a pas pris, disent les experts, pour 3 raisons:
[1] Les vendeurs, n’ont pas en main les titres légaux. Les promoteurs ne les ont pas obtenus, faute d’avoir payé toutes les taxes, souvent illégales: construire une maison, aujourd’hui, n’exige pas moins de 118 tampons, qui grèvent de 15 à 20% le budget total;
[2] Les procédures sont confuses et punitives (manque d’expérience);
[3] Le coût bancaire, lui aussi, est usuraire: 8% de la transaction (hors intérêts), en rapports d’experts, actes notariés, consultations et (encore) taxes variées. Pour relancer l’économie par le logement, Zhu Rongji aura à faire !
Sommaire N° 17