L’hirondelle fait un peu le printemps. En remettant en place le 1er Secrétaire de l’Ambassade de RPC à Paris, Zhu Rongji a infligé une perte de face à tout ce que le PCC compte de tatillon. Su Xu avait cru bien faire en menaçant des foudres du Parti un journaliste de Hong Kong, pour avoir posé à leur 1er ministre une question trop libre : à l’avenir, les hauts fonctionnaires y regarderont à deux fois avant de faire, en public, du zèle idéologique – c’est une révolution!
N’empêche, on n’a plus ressenti un tel air de liberté, dans les rues de Pékin, depuis 10 ans. Les intellectuels publient pamphlets et manifestes anti-maoïstes, la presse n’a plus de complexe à s’en prendre aux mollets des hommes renâclant à la réforme, à décrire sans complaisance les catastrophes écologiques ou naturelles, ni à dénoncer les exactions de cadres ou policiers véreux. Ouverture «culturelle» aussi: guichets fermés 24h avant, les cinés font salle comble pour Titanic, les librairies vendent la bible anticommuniste qu’ est l’Archipel du Goulag (A. Soljénitsine) et circulent sous le manteau, des copies pirates d’opuscules taiwanais anonymes, aux titres vénéneux tel: «la vérité sur Tian An Men»!
Mais, dans cette ambiance, qu’est ce qui est octroyé, toléré ou souffert par le pouvoir? La visite de Bill Clinton en juin, joue son rôle (elle enhardit les dissidents), ainsi que la volonté de Jiang Zemin de se rendre populaire. Peut-être surtout, la réforme de Zhu, le démantèlement imminent du vieux navire (le naufrage plus ou moins contrôlé de dizaines de millions d’hommes d’équipage), impose au pouvoir de ménager un exutoire en forme de charivari.
Jusqu’au prochain signe venu d’en haut, annonçant le retour du balancier vers l’autre sens- autoritaire!
Sommaire N° 15