Argent : Nécrologie : Deng Xiaoping, maoïste et libéral

• Dernière grande figure du PCC – le Parti communiste chinois, Deng Xiaoping a, en 12 ans de pouvoir solitaire, modelé son pays à la façon d’un empereur.

Né en 1904 en milieu rural, Xiaoping (, petite paix) se serait vite enflammé pour le socialisme, dans son Sichuan natal au paysannat étranglé par les propriétaires. Dès 16 ans, il est en France, à Lyon, ouvrier et étudiant (clandestin) des théories«rouges».

• 20 ans: membre du Parti, envoyé en 1926 pour études en URSS, voie royale des futurs leaders : début d’une brillante carrière d’organisateur de l’A.P.L. l’armée chinoise, contre Chiang Kai shek et l’envahisseur japonais, participant à la fameuse "Longue Marche" de 1932.

Dès lors, il est un des lieutenants de Mao, et stratège remarqué. Sa plus fameuse victoire: la campagne de Huaihai en 1948, où il détruit la 127ième armée du KMT -le Kuo min tang (1/2M d’hommes) piégée aux portes de Shanghai.

A la libération, octobre 1949, il est, à 45 ans, une des gloires du régime.

• En fait de gloire, Mao Zedong n’aimait pas trop la concurrence: 1ère disgrâce en 1950, relégué secrétaire politique à Chengdu (Sichuan).

Dès 1952, retour à Pékin, vice 1er Min. à 48 ans– Mao ayant besoin de ses meilleurs cadres pour consolider le régime.

• Deux ans plus tard, Deng est Secrétaire général du PCC.

Dès cette époque, s’exprime l’ambiguïté du personnage, hésitant entre les méthodes staliniennes plus odieuses et une ligne plus modérée :

En 1957, il est le fer de lance de la «Campagne des Cent fleurs», qui jettera en camp des dizaines de milliers d’intellectuels assez naïfs pour avoir accepté de critiquer le système, à l’invitation de Mao.

Par contre en 1962, Deng est de ceux qui mettent le Timonier sur la touche, après le "Grand Bond en avant", folie utopique de Mao qui venait de tuer 30 à 80 millions de paysans. C’est de cette époque que remonte la profession de foi du futur Patriarche: "peu importe qu’un chat (ou un paysan) soit blanc ou noir, pourvu qu’il attrape la souris (qu’il produise)"!

• Cinq ans après, Mao Zedong tient sa revanche féroce, avec la "Révolution Culturelle": mars 1967, Deng est "ennemi public N°2" (N°1 = Liu Shaoqi), accusé d’ignorer la lutte des classes.

Comme bien d’autres, il est envoyé manoeuvre dans une ferme : à 65 ans, il nettoie les auges des cochons, coupe le bois par les froid perçants des hivers chinois. Deng est sauvé par Zhou Enlai, son protecteur, qui le fait revenir à Pékin en mars 1973, vice Premier Ministre – retour case départ!

• Lutte de pouvoir en 1976 à la mort de Mao Zedong (et de Zhou Enlai) :  en 1978, Jiang Qing (la gauchiste veuve du Timonier) parvient à purger Deng Xiaoping pour la 4ème fois.

Mais la Chine épuisée par un quart de siècle de violence, vote cette fois «modérés»: lors du 11. Congrès, Deng , majoritaire, brisera ses ennemis – c’est l’aube du procès de Jiang Qing et de la "bande des Quatre".

• Retour de balancier: à peine au pouvoir, Deng réprime les intellectuels comme Wei Jingsheng qui réclamaient la démocratie, pour «octroyer» une liberté limitée – celle d’entreprise, et de la terre aux paysans (fin des communes populaires détestées), encourageant les firmes privées.

•En 1989, face à la contestation des étudiants, Deng choisit le fusil – il a chassé ses 2 dauphins libéraux, Zhao Ziyang et Hu Yaobang.

Une équipe plus autoritaire est mise en place après le massacre de Tian An men (1000 à 3000 morts): Li Peng et Jiang Zemin, l’héritier désigné. Hommes à poigne, mais qui se gardent de remettre en cause l’ouverture économique et les libertés déjà conquises.

 

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