Aux commandes de 1978 (11. Congrès) à juin 1989, Deng Xiaoping, décédé mercredi 19 février 1997 à 93 ans, est l’homme à qui la Chine doit son bien-être, par l’imposition d’un régime de liberté limitée (d’entreprise).
Régime inspiré d’un modèle néo-autoritaire venu de Singapour et plus généralement, de tous les capitalismes débutants (cf la France, où Deng avait séjourné à l’âge de 16 ans, et le mot d’ordre de Freyssinet, «laissez-faire, laissez aller»)!
Aujourd’hui, un consensus existe au sein du Parti sur le nouvel objectif: l’enrichissement individuel, et non plus, selon Mao, l’émergence d’un «homme nouveau» socialiste. Quels que soient les développements futurs ou les rêves d’une poignée de nostalgiques, un retour en arrière sur ce principe est exclu.
Seul risque de déstabilisation du PCC, le parti communiste chinois : la confrontation des 2 lignes rivales, héritières du Patriarche.
Celle conservatrice du Président et du 1er Ministre, déterminée à «sauver le communisme en Chine»- à préserver par tous les moyens le monopole politique et de presse, sourdes aux besoins d’une génération jeune, plus éduquée et complexe que son aînée;
et la ligne libérale, défendue par Qiao Shi, Président de l’ANP, le Parlement chinois, et ex-patron des polices de l’Empire, qui soutient la primauté du Droit et du Parlement sur les décisions de l’appareil (ce qui revient à revendiquer la séparation du Parti et de l’Etat).
Contrairement à une idée courante en Occident, l’attitude ambivalente de Deng, qui a passé sa vie à chalouper du Stalinisme à la Réforme n’était ni contradictoire, ni opposée à Mao Zedong. Pour ce fils de paysan, avant que lui-même puisse récolter (la croissance), il avait fallu un Mao pour labourer (retourner, déraciner la société et ses structures impériales stériles), et semer :
créer un Etat, des services qui fonctionnent, une «classe unique» de centaines de millions de jeunes disciplinés et scolarisés, prêts à entrer sur le marché mondial du travail. Deng est aussi l’homme qui a redonné sa place en Chine au pragmatisme, par ce conseil à ses proches, dans les années ’80 : «De l’Occident, essayez tout. Si ça marche, faites le vôtre, et appelez le «socialisme!»
Entre 1950 et 1976, Deng avait été « purgé » quatre fois, et un de ses fils avait été mutilé par les Gardes Rouges. Avoir reconnu malgré ces offenses l’obligation d’une continuité avec Mao Zedong, et placé l’intérêt de la Nation au dessus de son ressentiment, est un indice du génie politique de Deng Xiaoping.
Sommaire N° 6